Le Don Quichotte des temps modernes.... Un délire autant verbal que ficitf. L' anti-Académisme....

Bonjour à tous,


On remarque que la majorité des avis est soit 9-10 étoiles, soit une à 3 étoiles, avec très peu de juste milieu; j'ai constaté le même phénomène de la part de gens auxquels je l'ai fait découvrir.


C'est avant tout le titre "La conjuration des Imbéciles" qui m'a amené vers ce livre, et qui s'est révélé suffisant à lui seul pour me donner envie de le lire.


Au frémissement de moustache, un remugle de décadence parvient jusqu'à vos narines éclairées… Sans doute faites-vous partie des anachroniques de l'acabit d'Ignatius Reilly. Dans ce cas, autant vous prévenir tout de suite : la lecture de La conjuration des imbéciles vous fera l'effet d'une révélation. Mieux que Batman, presque équivalent à Boèce, Ignatius se situe droit dans la lignée des contempteurs de leur époque. Lorsque les vices décriés par les bonnes mœurs –saleté, misanthropie, exclusion sociale et professionnelle- deviennent les totems revendiqués de la lutte contre le nivellement par le bas, Ignatius Reilly fait figure d'orateur hors-pair, toujours sûr de lui et des théories uniques dont il s'est fait l'auteur.


A contre-courant de tout et de tout le monde, Ignatius mène une vie qui se constitue à l'exact opposé du rêve américain. A trente ans, après avoir passé près de dix ans à l'université pour ramener une licence qui ne lui servira jamais, il retourne vivre chez sa « manman » dans un pauvre taudis entouré de voisins suspicieux et racoleurs. Entre joutes verbales et confrontations physiques, le fils et sa mère passent leur temps à se contredire à la manière d'un vieux couple à la relation platonique. Leurs sorties se limitent à la vieille boîte miteuse des « Folles nuits » -avec « bouligne » quelquefois pour la mère Reilly qui désire se socialiser et cinéma pour Ignatius qui, en observateur attentif de la décadence de son époque, n'assiste qu'aux séances des films les plus populaires afin de s'insurger contre le lavage d'esprit dont sont victimes ses contemporains. Gare ! La colère bloque le mécanisme d'ouverture de son anneau pylorique –qui ne l'empêche cependant pas de se nourrir de macarons, de beignets et de hot-dogs maintenant son obésité maladive-, et pour pallier à cette réaction psychosomatique, Ignatius déverse sa bile noire dans des montagnes de petits cahiers, tous gribouillés, à moitié achevés lorsqu'ils ne sont pas à peine commencés.


Ces petits cahiers froissés, recouverts de miettes de beignets et de traces de sperme, constituent un chef d'œuvre de politiquement incorrect. Leur humour ravageur tient à la fois à leur audace et au fossé qui les sépare du sérieux de la démarche d'Ignatius et de l'incohérence absurde de ses propos. Ses théories relèvent du surréalisme mais rien n'y fait : Ignatius s'y accroche avec conviction et ne doute jamais une seconde qu'il détient la vérité contre tous.


Personnage buté, grotesque, misanthrope, Ignatius est pourtant revigorant et libérateur. Qui ne lui a jamais été semblable une fois dans sa vie ? Il est le reflet de nos pensées les plus extrêmes, celles qu'on ressent parfois subrepticement avant de les chasser, rattrapés par la bonne couche de vernis policé et civilisé qu'on se doit de s'imposer pour vivre en bons termes avec la civilisation. Ignatius est drôle parce qu'il ose et assume l'insanité de ses convictions. On l'admire parce qu'il est sûr de lui, et on l'envie parce qu'il ne doute jamais et ne démord pas de ses théories, même dans l'adversité. Il est un personnage entier et honnête et même s'il n'a certainement pas les pieds sur terre, il vit dans un monde qu'il est le seul à percevoir de cette manière.


Sans se limiter à Ignatius, les personnages qui l'entourent –sa mère Reilly, son employeur Levy, son amie-ennemie Myrna, le policier Mancuso, le pédérastre Dorian…- constituent des figures secondaires atypiques, complètement anormales elles aussi mais d'une manière plus conventionnelle. Car Toole a ce talent : révéler, à travers l'excentricité d'Ignatius, la folie tout aussi vive qui touche ceux dont les comportements sont pourtant validés par la civilisation. C'est d'ailleurs tout l'intérêt de La conjuration des imbéciles : en s'exprimant d'un ton pince-sans-rire, John Kennedy Toole nous fait comprendre qu'Ignatius n'est pas plus dérangé qu'un autre, et il met ainsi en avant toute la folie des comportements contemporains.


Une lecture exaltante et excitante qui nous fait voir le monde à travers le prisme « du bon goût, de la décence, de la géométrie et de la théologie » -valeurs sûres et définitives d'une civilisation qui se respecte.


La Conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole est un livre inclassable.
Les personnages de ce livre sont tous loufoques, complétement timbrés mais ils ne s'en rendent pas compte.
Ignatius, le personnage principal, la trentaine passée, vit toujours chez sa mère, ne sort que très rarement de sa chambre, pratique régulièrement la masturbation, occupe tout le temps la salle de bain, et ose avec une assurance certaine donner des conseils de vie à sa pauvre mère.
Suite à des problèmes d'argent, sa mère arrive, non sans mal, à le convaincre de chercher un travail. Difficile car un de ses buts dans la vie-l'expression est inappropriée dans le sens où il n'en a aucun- est de ne rien faire car tout effort est vain et inutile d'aprés son philosophe préféré Boèce.
Partout où il ira, il sémera la zizanie de manière extremment drôle et ridicule. A son contact, les personnages semblent devenir fous eux aussi. Mais peut être le sont ils déjà et ne fait il que soulever le masque?
Ignatius se prend au sérieux, s'indigne pour un rien et crie au scandale à la moindre occasion.
Le vocabulaire utilisé est assez riche. Certains passages sont un peu ennuyeux et à ralonge mais ils peuvent être survolés... Il m'a fallu une bonne cinquantaine de pages pour me mettre dans l'ambiance mais ca valait vraiment le coup. Je n'ai jamais autant ri avec un livre.


Dès les premières pages, le ton est donné pour l'ensemble du roman. Le personnage principal Ignatius J.Reilly apparaît et s'impose en quelques pages comme la planète la plus massive (si vous avez lu le livre, vous saurez de quoi je parle) d'un système planétaire dans lequel évoluent une quinzaine de personnages plus loufoques les uns que les autres.
A partir de là, nous suivons les trajectoires des ces différents individus qui parfois, semblent "paisiblement" mener des existences parallèles, et parfois, se croisent (plus ou moins violemment) pour notre bonheur.
Le roman se situe dans la Nouvelle-Orléans des années 60, mais le contexte compte ici bien moins que l'universalité des comportements humains les plus vils : auto-satisfaction, méchanceté gratuite, chantage, abus de pouvoir, lâcheté, vanité, ... + les 7 péchés capitaux et bien plus encore.
La force de ce roman tient principalement dans le fait que Toole parvient à nous rendre sympathique une galerie impressionnante de personnages dont le seul point commun est la bétise.
En tête de procession, Ignatius, insupportable et arrogant, se révèle fascinant (dans ce qu'il nous révèle de nous-même, de notre volonté d'avoir toujours le dernier mot, d'être toujours dans notre bon droit ?). C'est aussi lui qui offre les meilleurs moments (les plus drôles) à ce roman : ses réactions aux lettres de Mirna, son journal intime, ses projets de révolution...
Ignatius est un personnage tellement "réussi" qu'on en viendrait presque à regretter que tout le roman ne s'attache pas à le suivre.


Les dialogues sont très présents et comptent pour beaucoup dans le ressenti du livre; les scènes décrites ont très souvent une dimension théâtrale marquée. Si vous avez vu certains films des frères Coen comme "Burn after readind" ou "The Big Lebowski", et bien dites-vous que l'univers est un peu le même.


Pour conclure, si vous cherchez un roman pour vous réconcilier avec les imbéciles qui vous entourent, et celui qui sommeille en vous (si si), ne cherchez pas plus loin, lisez "La Conjuration des Imbéciles".


Si on entre dans l'histoire, ce livre entraîne le lecteur dans une aventure, à la fois conte de fée et peinture de société, que l'on découvre à travers les yeux du héros le plus inattendu: Ignatius Jacques Reilly - pseudo-écrivain et historien médiéviste, orgueilleux, menteur, dévoreur de saucisses- mais aussi au travers de personnages "secondaires" tout aussi marquants: Jones, le noir qui travaille en dessous du salaire minimum dans un bar sordide, Miss Trixie qui ne peut pas partir à la retraite à cause de la femme du patron, et bien sûr Myrna Minkoff qui s'ingénie à travers leur correspondance, à essayer de ramener Ignatius dans le droit chemin "à l'aide d'un bon orgasme" (et bien d'autres encore).


Savourer ce livre requiert de se laisser entraîner par son auteur dans un univers qui lui est propre: un vocabulaire particulier qui varie selon les personnages de l'approximation totale au langage le plus châtié (soit dit en passant excellemment traduit) , peu de rythme (souvenez-vous: c'est surtout l'observation à travers les personnages), cela peut rebuter plus d'un lecteur!


Mais pour celle ou celui qui parvient à pénétrer dans ce livre, je lui promets pendant toute la lecture, énormément de plaisir!


Que dire de plus sur la conjuration des imbéciles ? On touche du doigt le chef d’œuvre. Critique sociale terrassante à travers les aventures d’un total inadapté social – Ignatius Reilly – aussi infatué et arrogant qu’hilarant, au discours verbeux navigant entre anarchisme de droite et Révolution, conspuant la modernité tout en y étant addict, ce roman comporte également une grande part d’autofiction autour de la relation mère-fils et les affres de la sexualité. Beaucoup, sinon tous les romans modernes et post-modernes lui sont redevables. Quant à sa qualité comique, que dire également ? Toole est un satiriste usant des cordes de l’ironie et du burlesque avec un talent époustouflant. Enième lecture toujours aussi roborative. Un indispensable dans la bibliothèque.


Ce roman est une bombe. Une grimace. De l'ironie brute et délicieuse. Je pourrais me glorifier d'envolées critico-lyriques qui feraient l'apologie de ce livre et de son auteur mais j'en resterai à l'anecdote de sa publication, qui illustre avec suffisamment d'acidité et de génie le destin de cet ouvrage et de son auteur. Déprimé de ne pas pouvoir le publier, JK Toole se suicide. Sa belle-mère et son frère, je crois, se battent pour le publier. Ils y parviennent. Cinq ou six ou sept ans plus tard, La Conjuration des Imbéciles est Prix Publitzer (plus haute distinction littéraire américaine). Et franchement ? Il le mérite cinq ou six ou sept fois. Qu'est-ce qui le confirmerait si jamais vous aviez un doute ? L'oeuvre de jeunesse de JK Toole : La Bible de Néon, que je vous conseille de lire dans la foulée. Il avait seize ans lorsqu'il l'a écrit, pour info'. En achetant ce livre, vous entrez dans un univers autonome, qui vous marquera - je vous le souhaite. Si vous êtes un peu misanthrope et goûtez l'auto-dérision, allez-y, ce livre est fait pour vous.


Voici l'histoire extraordinaire de Ignatius J Reilly, un trentenaire obèse et à l'apparence extérieure déplorable ; qui vit avec sa maman dans une maison misérable de la Nouvelle-Orléans. Cet Ignatius est un raté patenté qui pense être la personne la plus originale et supérieure qui soit. Il est psychotique, fainéant à souhait, profite d'une mère dépendante qui n'a qu'une seule obsession : son fils. Mais il est également d'une intelligence rare, qui le dépasse même souvent. Il est persuadé que le monde qui l'entoure n'est que dépravation, et qu'il est la divinité qui peut annihiler tous les maux de la terre... Avec des analyses aussi tordues que rigolotes. Un jour où il attend sa maman à l'extérieure d'un centre-commercial, il est interpellé par l'équivalent américain de "Pinot, simple flic" qui tente de l'arrêter. Et c'est là que le roman commence...


Une casquette de chasse verte, une moustache noire et broussailleuse, une intelligence au dessus de la moyenne, un physique imposant, un anneau pylorique capricieux et un ego qui atteint des sommets : le personnage d’Ignatius Reilly est donné. Il n’y a plus qu’à le suivre au fil des quelque 500 pages de ce roman. Et cela se fait avec beaucoup de plaisir tant l’auteur sait nous tenir en haleine à travers les aventures de ce personnage, toutes plus improbables les unes que les autres !


Mais brossons un peu le décor : Ignatius a trente ans et vit dans un quartier modeste de la Nouvelle-Orléans avec sa mère, veuve et alcoolique notoire. Dans un premier temps, il ne travaille pas, ou du moins s’y refuse, car son intelligence au dessus de la moyenne le conduit à considérer avec dédain la vie que mènent ses contemporains. Il faut dire aussi qu’il est assez enclin à la paresse… Pour occuper son temps, il écrit, seul dans sa chambre dont les draps affichent toujours une propreté douteuse. Il entretient aussi une correspondance pour le moins particulière avec sa petite amie, Myrna, qui pense que tous les problèmes d’Ignatius trouveraient une solution dans une pratique sexuelle plus conséquente. Il fréquente assidûment le cinéma où il manque chaque fois de se faire jeter dehors à force de hurler son mépris tout au long des films. Ce quotidien presque tranquille bascule le jour où sa mère lui demande de chercher un travail, pour solder une dette contractée suite à un accident de voiture : il se retrouvera successivement dans une entreprise au bord de la faillite au côté d’une Miss Trixie sénile qui n’aspire qu’à la retraite, puis vendeur de saucisses ambulant, l’occasion de laisser s’exprimer sa gourmandise sans bornes. Ces emplois forceront Ignatius à se confronter à cette société qu’il déteste, générant à la fois une multitude de situations cocasses mais aussi de nombreuses critiques de celle-ci, formulées à tour de rôle par Ignatius lui-même ou par les nombreux rots libérateurs de son anneau pylorique dont est sans cesse heurtée l’extrême sensibilité, pour ne pas dire délicatesse…


La Conjuration des Imbéciles est donc un roman plein d’humour, mais pas seulement. L’auteur nous livre un portrait aussi réaliste que cynique de la Nouvelle-Orléans avec ses bas-quartiers, son racisme, ses patrons dépassés, ses habitants névrosés qui craignent les communisses plus que tout… C’est encore un roman qui inspire de la tristesse, sans doute liée au décalage d’Ignatius avec le monde, à la révolte qu’il ne parviendra pas à mener (même après avoir enfilé une tenue de pirate pour déambuler dans les rues et pourfendre la bêtise humaine de son sabre de plastique) et qui le conduira aux portes d’un hôpital psychiatrique, où voudra l’enfermer sa propre mère elle-même, pour démarrer au mieux sa nouvelle vie de couple.


Enfin, ce qui est triste aussi, c’est le sort de ce jeune auteur, John Kennedy Toole. Après avoir essuyé le refus de plusieurs éditeurs à qui il avait présenté le manuscrit de La Conjuration des Imbéciles, le jeune homme s’est suicidé, persuadé d’être un écrivain raté : il avait alors trente-deux ans. C’était en 1969. Il faudra attendre 1980 avant que le livre ne soit publié, grâce à la persévérance de sa mère. La Conjuration des Imbéciles obtiendra le prix Pulitzer l’année de sa publication. Quand on referme ce livre, c’est à regret, d’autant qu’il n’y a pas beaucoup d’autres textes à parcourir de cet auteur qui s’annonçait très prometteur…


Un monde hallucinant. Une écriture dans laquelle on se plonge. Un cynisme et une ironie à son comble. J.F.Toole a réussi à se classer parmi les grands avec un seul livre. Il lui aura fallu se suicider et le courage de sa mère pour que la conjuruation des imbéciles deviennent le best seller qu'il est devenu.
Passez les 60 premières pages et vous tomberez en amour des histoires d'Ignatus.
Les éditeurs qui on refusé ce livre sont des criminels et une véritable honte. Remarquez, Gallimard a bien refusé Céline, donc bon.... Comme dit Brassens, Quand on est con, on est con....


J'ai passé un moment extremement formidable et passionnant avec ce livre insensé et bourré d'humour.
Le personnage est tellement extravagant, vénal et inbus de sa personne que s'en est vraiment hilarant.
On se demande où s'arrêtera sa perversité à se foutre de tout et à se moquer des apparences.
C'est un affabulateur qui se sent constamment persécuté par la société mais qui a aussi une certaine
imagination.
Il trouve toutes les occasions pour se planter de maniére catastrophique et perverse dans tout ce qu'
il entreprend.
J'adore l'écriture qu'emploie l'auteur pour faire parler aussi ignoblement son personnage afin de
nous le rendre si abject envers sa mére et le monde qui l'entoure.
A voir certains jeunes d'aujourd'hui, sans emploi, qui reste chez leurs parents et qui osent leur manquer
de respect, ce livre est une caricature de l'univers bête et sournois comme on peut le voir à notre époque.
On a un mal fou à se sortir des pages de ce livre car c'est une vraie gourmandise !!


Satire sociale autant qu'odyssée contemporaine...ce livre est un régal, drôle et captivant. Malgré les 50 années écoulées depuis l'époque de l'auteur, les sujets traités au cours de l'aventure du personnage d'Ignatius sont étonnement d'actualités. En général assez dubitatif face aux critiques élogieuses, je me dois d'avouer que je me suis à mon tour laissé embarqué par ce récit. Il est curieux de voir le degré de sympathie qu'un personnage aussi détestable qu'Ignatius suscite chez le lecteur. On est vraiment pris d'affection pour ce personnage à l'expression verbale désuète mais au sens de l'observation aiguisé et au réflexions pleine de justesse. Un livre loufoque et paradoxalement réaliste à recommander vivement.


"Quand Un Vrai Génie Apparaît en ce bas monde, on le peut le reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui."


Je ne sais pas si tel était le cas de son vivant, mais "Quel Génie"!!!!
Plus vrai que ce roman sur l'espèce humaine, je n'avais jamais lu!!!
Aucun mot ne saurait décrire le bon sens analystique de cette oeuvre.
Cette citation de Jonathan Swift au début du livre assez ironique finalement en dit long.


Tous les personnages, assez grotèsques dans leur genre se prennent pour des "génies"....Peut être est ce pour cela, que notre monde en est là.
La technologie et la science, ont fait d'énormes progrès (Nous pouvons remercier les Vrais Génies).
Notre espèce en elle même, le niveau est toujours aussi bas.


Précurseur, je ne le pense pas (Peut être à tort).
"Vrai Génie" que la nature a voulu voir naître; ce que l'on appelle aujourd'hui "Surdoué", je le pense.
Dommage que l'humanité soit privée de son talent.


Lorsqu'un fils de 30 ans répond à sa maman lui demandant de ne pas rester constamment enfermé dans sa chambre:
« je ne fréquente bien évidemment personne puisque je suis sans égal »
et lorsque cette même maman lui demande de chercher un job, il dit, malgré le vide sidéral de son CV:
«l'importance de ma personne devrait m'éviter de descendre dans la structure hiérarchique de notre civilisation »
et bien cette pauvre maman finit par craquer :
« T'es fou, Ignatius, fou à lier ma parole, même si ça m'coûte de l'dire à mon propre enfant, t'as pas toute ta tête, voilà ! »


Ce hiatus entre « sentiment de valoir quelque chose » et «inadaptation sociale » traverse le roman de bout en bout. Il se décline en une série de personnages qui tous sont perçus différemment par leur entourage. C'est ainsi que le directeur des pantalons Levy est totalement déconsidéré par sa femme; l'agent de police Mancuso se voit confier les plus basses tâches par son chef, une vieille secrétaire au bout du rouleau ne peut prendre sa retraite car la femme du directeur, Mme Lévy, la prétend indispensable à l'entreprise, etc.
Mais le plus décalé de tous est bien sûr le personnage central, Ignatius. Totalement improductif et à la charge de sa mère, c'est un excentrique obèse et vierge qui a comme ambition de changer la face du monde. Son idée la plus farfelue est de mettre au pouvoir les homosexuels, car il les considère comme totalement inoffensifs. Mais comme tout ce qu'il entreprend, cela tourne au fiasco complet. Au moins a-t-il le mérite de ne pas uniquement critiquer le monde.
« La conjuration des imbéciles » est assez plaisant à lire, parfois drôle. Il permet de réfléchir au thème de l'intégration et de l'inadaptation. Mais il laisse aussi un goût d'absurdité.
Le lien entre Ignatius et l'auteur Toole, qui se suicida à cause de son sentiment de non-reconnaissance, est évident.


J'ai découvert la Conjuration des imbéciles il y a quelques jours, et cette rencontre ne m'a pas laissé indifférent, et je voudrais profiter de ce commentaire pour vous adresser une franche recommandation qui saura toucher ce lecteur sensible avec qui je suppute partager la même communauté d'esprit : La Conjuration, c'est la fresque universel et drôlissime de l'intelligence face au monde moderne - moderne c'est à dire qui détonne pour tout esprit qui commence à sortir de soi et de sa "tranchée d'imaginaires"- le personnage d'Ignatius R. Reilly, est le penchant facétieux et grotesque, hilare et horripilé de toute âme sensible. Loin d'être un simple vieux roman décoré des Amériques, La conjuration est la comédie humaine retrouvée qu'un esprit magnifique à su saisir il y quarante ans,en inventant un personnage que chacun,toute proportion gardée, s'il est attentif et délicat, (et s'il a beaucoup de cet humour qui déride les c.) peut reconnaître au fond de lui. Car ce n'est pas un simple roman que vous avez failli dédaigner, c'est la réincarnation littéraire d'un grand personnage de l'esprit,revêtant ses habits de fête, et qui porta tantôt le nom de Pantagruel, Gargantua, Dom Quichotte, ou autre Bon vitrier... Oui, je n'ai pas honte de le croire, et vous ne tarderez pas à partager mon avis si vous faites preuve d'un peu de discernement que diable! que les élucubrations gastriques de ce roman traverseront les siècles. "Quant aux profanes grimaçant du rictus des sceptiques, qu'ils aillent rejoindre le rang étroit des conjurateurs." J'ai été tenté de conclure par ce sentencieux pastiche dont j'étais bien fier, mais voilà que je me conduirais comme un imbécile en l'écrivant - au lieu de me contenter tout bonnement de le penser- car, évidemment qu'il y en a qui seront déçus, comme ceux à qui l'on avait promis une éclipse solaire et n'ont rien vu qu'un grand croisement de luminaires brûlant les yeux: tout est une question de point de vue dans ce bas monde.


J'ai adoré l'humour politiquement incorrect de ce livre qui m'a fait rire toute seule à plusieurs reprises. Le personnage d'Ignatius O'Reilly est complètement hallucinant : hypocondriaque, pédant, paranoïaque, paresseux, instable, égoïste, intolérant et j'en passe... et malgré tout tout à fait pathétique (on est bien dans la tragi-comédie). Mais j'ai surtout admiré la trame du roman qui de plusieurs histoires éclatées - autant de portraits savoureux et fantaisistes de gens de la Nouvelle Orléans - aboutit à un final pathétiquement drôle, je n'en dis pas plus. Je ne comprends pas qu'on puisse ne pas aimer du tout ce livre, peut-être ces lecteurs ont-ils été rebutés justement par la personnalité a priori difficile d'Ignatius et cette impression d'éclatement de l'histoire au début du livre. Pour moi, c'est vraiment un très très grand livre !!


Un roman très drôle et tellement différent de la production littéraire ordinaire. De là à parler de chef d'oeuvre, je ne le crois pas car on reste dans le divertissement burlesque sans véritable message que celui d'un monde absurde qui mérite juste qu'on l'ignore.


Je ne sais pas si j'aime ce gros Don Quichote dont le pylore guide les pas et la pensée autant que Boëce dans un village appelé New Orleans, le guide de déconvenue en déconvenue, imbécile suprême, crème des imbéciles incompris des autres imbéciles, chétifs ceux-là, mal parlants, incultes, abjects (à l'exception de Jones qui Fume et, peut-être, de Gus Levy le trop mal marié), le guide jusqu'à fermer la boucle du vide sur le ventre de mille autres mères promises, je ne sais pas si je l'aime, lui, mais j'ai aimé l'oeuvre de J.K. Toole dont la mémoire seule, hélas, fut honorée du prix Pulitzer grâce aux efforts d'une autre mère, toujours éplorée, qui sut faire lire cette immense satire aussi cocasse que poétique. Merci au traducteur français, J.P. Carasso.
A la lecture de certains autres commentaires, j'aimerais ajouter ceci : si le héros de "La Conjuration" est lui-même un grand, un superbe imbécile, je ne puis que rendre hommage à l'auteur qui est si bien parvenu à montrer que derrière l'absurde de l'imaginaire se cache l'absurde de la réalité. S'il fallait absolument reprocher quelque chose à ce livre plutôt réussi, ce serait son côté "atelier d'écriture", tel qu'il ressort très évidemment des avant-derniers passages du dernier chapitre, lesquels règlent fort scolairement le sort de chacun des protagonistes, heureusement toujours avec le même humour que l'ensemble de l'oeuvre. Quant aux tout derniers paragraphes du texte, ils ne me dictent qu'un mot : bravo !! Et merci.


Pourquoi adorer un livre dont il n'est question, au fond, que de "tranches de vies" ? Parce que les personnages singuliers ne manqueront pas de nous parler de nous, ou de quelqu'un de notre entourage. Parce que ce livre est très drôle, parce qu'il est triste au fond. Et qu'il laisse bien des questions ouvertes...
Ainsi, parmi tous les lecteurs de cet ouvrage hallucinant, j'aimerai assez pouvoir "croiser" les avis sur l'imposant Ignatius. Qui est il pour vous ? Un cuistre inopérant ? Un génie boudé ? Un rebus de la société ? Un poète désabusé ? Je suis certain que, reflet de nos différences, les opinions seraient bien partagées.
Enfin, on a le droit de ne pas comprendre cet ouvrage bien sûr. Pourtant, il se lit d'un trait comme une bande dessinée dotée d'un scénario que personne n'aurait oser mettre en place, relevant tant de fanstastique dans l'ordinaire.
Et pour terminer le destin de l'auteur est déjà en soi une histoire à peine croyable, et rejoint le côté extraordinaire de son personnage : doué, fou, talentueux et incompris. Excellente lecture.


« La conjuration des imbéciles » est un roman à l'originalité indéniable, au style brillant, à l'humour décalé et à l'intelligence fulgurante : un livre tout à fait indispensable donc. Les personnages, Ignatus Reilly en tête, sont truculents. Tour à tour répugnants, attachants, passionnants, orgueilleux, désespérants, lâches ou téméraires, ces ratés magnifiques rêvent de sublime mais n'atteignent finalement que le grotesque. Impossible de ne pas rire à leurs dépens ni de découvrir derrière le loufoque des situations une portée plus profonde, entre satire sociale et réflexion philosophique.


Sur ce, je vous engage à lire ce roman. Il est absolument divin. Portez vous bien. Tcho.

ClementLeroy
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le 11 mai 2015

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San  Bardamu

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