Au Nom du Père

Pour sa quatrième intrusion dans le destin de la famille Rougon-Macquart, Emile Zola retourne à Plassans, soit le petit village où tout a commencé, pour nous faire vivre l'arrivée d'un prêtre étrange qui va notamment côtoyer la consanguine famille Mouret.

La Conquête de Plassans permet à l'auteur de retourner en campagne après deux plongées dans un Paris bruyant et vivant avec La Curée puis Le Ventre de Paris, et surtout de continuer d'étudier certains de ses thèmes de prédilection, à l'image de la sombre nature humaine, la folie, l'église ou encore l'hérédité. Il propose ici une parfaite alchimie entre l'évocation et l'exploration de ses propos avec l'ambiance, les personnages et surtout les sensations véhiculées, tant on vit son oeuvre.

On se retrouve plongé dans une atmosphère toujours prenante, parfois sordide et on découvre peu à peu des personnages passionnants, notamment le couple principal dont Zola va mettre en avant l'aliénation puis la faiblesse d'esprit. Dans le même temps, il montre habilement les liens entre politique et église, mais aussi la folie religieuse par le biais du personnage de Marthe, prêt à donner tout son temps, son énergie et son argent pour la grâce du seigneur, la finalité du roman en est d'ailleurs le parfait exemple, et d'une grande force. Pourtant, il évite le manichéisme, montrant aussi comment la religion fera aussi sortir cette femme de l'ombre imposante de son mari.

Ce qui marque chez Zola et notamment cette saga, c'est sa façon de mettre en avant l'hérédité pour justifier le caractère de certains personnages, ça en devient même passionnant tant c'est écrit avec intelligence et sans lourdeur. Ici, c'est la folie, qu'Adélaïde a transmis à François mais aussi à Marthe, alors que l'on retrouve aussi de sa part un intérêt certain pour la famille ou encore l'argent, et l'effet néfaste qu'elle produit sur l'âme humaine.

Zola fait preuve d'une grande intelligence dans l'écriture, sachant parfaitement gérer le rythme, créer une atmosphère et développer une histoire et des personnages. On peut aussi apprécier ici la façon dont il décrit le village, devenant ainsi un protagoniste à part entière, mais aussi la façon dont il parvient à faire ressortir des sensations des enjeux et personnages, tout en stimulant l'imagination du lecteur tout en insistant avec finesse sur de nombreux détails, on a l'impression de vivre cette histoire aux côtés des personnages.

Continuant d'explorer l'arbre généalogique de la famille Rougon-Macquart avec La Conquête de Plassans, Emile Zola parvient à brillamment mêler ses thématiques favorites avec des personnages forts et une ambiance particulièrement prenante, sachant créer une parfaite alchimie entre tous.