Si j’ai trouvé cette nouvelle un peu longue à démarrer, j’admire encore une fois de plus la maîtrise de Lovecraft pour cette progression graduelle de l’horreur et la création de cette ambiance si dérangeante et terrifiante, jouant avec le suspens et le mystère. La plume est vive, stimule l’imagination comme jamais, pour nous plonger dans cette histoire une fois de plus extraordinaire et si viscérale. Sur les dernières pages, on est accroché à notre livre, à la fois parce qu’on emporté dans cette escalade mais aussi pour garder une ancre dans la réalité et ne pas se laisser dévorer par les monstruosités qui peuplent cette nouvelle.
L’autre point que j’ai beaucoup apprécié dans cette nouvelle, c’est son aspect visuel. Que ce soit avec la mystérieuse couleur, qui demeure indescriptible mais peut être perçue (créant déjà un certain malaise même si on ne la voit), mais aussi l’idée derrière cette forme de vie extraterrestre qui corrompt le vivant autour d’elle pour créer des choses plus abominables les unes que les autres. Et bien sûr, plutôt que de nous les décrire en détail, Lovecraft nous laisse le soin de les figurer, de les imaginer nous-même, sur nos propres peurs. Jusqu’à en ressentir une poussée d’adrénaline, de se laisser envahir par la peur elle-même. Brillant !
La Couleur tombée du ciel est donc bien une nouvelle efficace, où l’évolution est si graduelle qu’on ne la remarque que lorsqu’il est déjà trop tard. C’est un régal de lecture qui se repose sur notre propre imagination et l’exploite à merveille.