Bonjour à tous,


Me revoilà parmi vous. La Divine Comédie n'est pas seulement le monument majestueux d'une culture passée : c'est un poème vivant qui nous touche de près. et qui sans cesse nous surprend. Car pour relater son périple à travers les trois royaumes des morts, Dante bouleverse les représentations traditionnelles, affronte l'indicible, crée une langue : sa hardiesse poétique préfigure celle des grands inventeurs de la modernité en littérature, de Rimbaud à Céline, en passant par Kafka. Animé par une ambition folle - celle de rendre les hommes meilleurs et plus heureux, par la conscience du sort qui les attend après la mort -, il décrit tour à tour le gigantesque entonnoir de l'Enfer et ses damnés en proie à mille tourments ; la montagne du Purgatoire, intermédiaire entre l'humain et le divin, peuplé d'anges, d'artistes et de songes ; le Paradis enfin où, guidé par Béatrice, le poète ébloui vole de ciel en ciel avant d'accéder à la vision divine. Et le parcours initiatique se termine lorsque, au plus haut terme de sa vision, le héros s'absorbe dans l'absolu.


En résumé, on ne peut pas critiquer au sens propre du terme un monument littéraire tel que celui-ci mais tout ce dont j’ai envie, c’est de vous montrer le chemin, de vous guider vers la porte de l'Enfer de Dante, de cette Ïuvre qui se visite plutôt qu’elle ne se lit, qui se découvre et qui fascine.
J'ai découvert l’Enfer de Dante pour un travail de fin d’année en rhéto, au cours de latin. Le but était de comparer son Ïuvre avec l'Enéide de Virgile, lorsque Enée descend aux Enfers pour retrouver son père Anchise. Je ne sais pas pourquoi cette idée m’est venue mais tout ce que je sais, c’est qu'elle m’a permis d'entrer dans une dimension extraordinaire et troublante, dans un monde mystique dont les ressources littéraires, historiques et fantastiques, nous marquent et nous changent indéniablement.
Ce premier tome de La Divine Comédie est sans doute le plus célèbre. Et quand on le lit, difficile d’imaginer qu’il a plus de 700 ans. Tous les genres sont présents et s'ajustent les uns aux autres avec une efficace justesse : fantastique, poésie, philosophie, romantisme, mythologie, histoire, politique…
L’idée d'un récit écrit au 14e siècle risque peut-être d'en rebuter plus d'un… Et pourtant, et pourtant! Lorsque Dante parlait de la Divine Comédie, il ne la considérait jamais comme une fiction. ce qui convainquit nombreux de ses contemporains : cet homme était allé en Enfer, son teint olivâtre et sombre confirmait les ragots des femmes italiennes, sa peau avait fait la traversée des flammes d’outre-tombe… Comment pourrait-on être aussi précis si ce n'était en l’ayant vu de ses propres yeux ?
Dante est à un passage de sa vie où tout n’est que remise en question. Après avoir perdu la femme de sa vie, Béatrice, il connut une phase d’égarement avant de s'impliquer dans la vie politique de Florence au point même d'en être exilé.
Et puis vînt l'Enfer où il ne laissa de côté rien ni personne… Egaré dans une sombre forêt, il parvient, par l'intermédiaire de sa bien-aimée, à avoir la grâce de voyager dans l’au-delà. Il aura comme guide parmi les morts Virgile, « cette source qui répand si grand fleuve de langage ». Ensemble, il vont parcourir les cercles successifs de l’Enfer, répartis selon les péchés commis par les âmes de leur vivant. Et de rencontrer personnages mythologiques, historiques ou contemporains de l'auteur, ainsi que divers philosophes… Chaque rencontre est fascinante, surprenante, baignée dans une réflexion intimiste entre Dante et Virgile. Quelle richesse ! Et puis, quels textes magnifiques! Impossible de choisir un extrait plus représentatif qu’un autre.
Dante était sans nul doute un poète mais aussi un visionnaire doté d'une culture Immense. Son Enfer aux visions sombres et funèbres a excité l'imagination des peintres au fil des siècles mais aussi d’auteurs célèbres de XIXe siècle tels que Balzac, Stendhal, Baudelaire ou Dumas. Tous eurent l’intention de travailler sur une retraduction de la Divine Comédie mais seul Dumas se lança dans une version soignée en alexandrins. pour s'arrêter après le premier chant ! La poésie de l'horreur de Dante ainsi que sa créativité mystique n'eurent, semble-t-il, jamais d'égal…
Si, il faut bien le reconnaître, le texte demande souvent de se rendre aux notes en fin de livre pour ne pas passer à côté du sens des alexandrins, Dante nous plonge dans un monde envoûtant, attirant, déroutant et aussi... effrayant !
Des textes dont la puissance s'exerce encore sur nous après tous ces siècles, ça ne peut être que fascinant !
Faites ce voyage dans l’Enfer de Dante Alighieri, vous ne le regretterez pas.....


Mon Dieu, bénis cette époque divine où le triomphalisme scientifique n'exigeait pas ce foutu souci de réalisme en littérature!


Même si le fait d'avoir digéré sept cent ans d'histoire peut rendre "La Divine Comédie" désuète à tous ces bien-pensants qui passent de Zola à Dan Brown entre deux tasses de camomille et un MacPoulet, son recul temporel ne fait que dégager de nouvelles significations et de nouvelles implications face à notre époque.


Dante interroge le besoin religieux de l'homme contemporain. Cette visite guidée des lieux damnés et célestes, bâtie selon les règles de la poésie épique nous met face à l'évidence de la similarité de la religion catholique avec ce qu'on considère maintenant la mythologique gréco-romaine, mais qui, à l'époque était aussi sérieusement considérée qu'une religion comme le catholicisme dont il est ici question.


Aimons-nous nous faire raconter des histoires au point d'y remettre notre vie et notre mort? Une oeuvre énorme au point de vue spirituel, politique et historique. Laissez Dante vous ébranler.


La simplicité du commencement est loin de présager la grandeur de la suite. Car le Monument commence par un banal voyage de Dante, et au cours de celui-ci, le voyageur va s'égarer dans une forêt où il rencontrera son guide pour la plus extraordinaire aventure jamais vécue par un homme. Ce guide est peu ordinaire, car à part le fait qu'il soit mort depuis plus d'un millénaire, c'est le grand Virgile, immense auteur de l'antiquité romaine qui donna naissance à l'énéide. Ce dernier est envoyé par la défunte Béatrice Portinari, l'éternel amour et muse de Dante depuis ses neuf ans. A partir de ce moment un voyage d'une toute autre sorte commence pour Dante, un voyage qui passe par l'enfer, le purgatoire pour finir au paradis. Après un bref passage dans les limbes où Virgile et son élève voient furtivement quelques sommités philosophiques de la Grèce antique, les terribles portes de l’enfer s’ouvrent en exhalant la terrible odeur putride venant des condamnés. Dante va s’enfoncer de plus en plus profondément vers le centre de la terre en parcourant les divers cercles de l’enfer où tous les péchés sont punis. Alighieri y rencontre d’anciennes connaissances de Florence ou des grands héros déchus comme Ulysse. Les souffrances indicibles des malheureux torturés pour l’éternité ne peuvent laisser le lecteur indifférent, mais également l’atmosphère de l’enfer, ses immenses salles dallées de pierre noir de suie, ou le marais boueux du Styx naissant sous la plume de Dante ; lire l’enfer nous fait transpirer car le talent de l’auteur retranscrit la chaleur si oppressante, si insupportable, que c’est autant un plaisir littéraire qu’une horreur de voir l’enfer naître sous nos yeux. Après avoir franchi tous les cercles et vu le pire châtiment infligé à Brutus, Cassius et Judas, Dante en finit avec l’enfer pour passer au purgatoire, mais le florentin gardera à jamais la peau brunie et brûlée de son excursion au pays des damnés.
Le purgatoire s’ouvre sur un paysage grandiose, une immense montagne s’élève d’une île ou des milliers d’âmes arrivent par bateaux pour traverser la vallée des princes, l’antipurgatoire puis les sept corniches afin de se purifier des péchés avant d’atteindre le paradis… L’ambiance du purgatoire est beaucoup plus calme mais infiniment lente. L’attente se poursuit comme il se doit, et Dante continue de monter en se purifiant à chaque corniche tout en continuant de croiser des hommes qu’il a connu durant sa vie. Le paradis terrestre marque le séparation de Virgile et de Dante, car dans le paradis il sera guidé par Béatrice en personne. La beauté des lieux subjugue totalement Dante, le laissant pantois devant tant de magnificence, qui augmente continuellement jusqu'à la consécration suprême, la béatitude divine et céleste pour Dante.


La Divine Comédie n’a pas vraiment d’histoire, ce n’est pas romancé donc le suspense est inexistant mais c’est une ode à la beauté de l’âme de Béatrice opposée aux ténèbres qui gouvernent l’esprit des autres Hommes… C’est l’un des plus grands monuments littéraires qui existe au monde et l’exaltation naissant de la lecture fait brûler l’esprit de ceux qui d’aventure ont voulu suivre Dante… Le génie Italien a inspiré ses contemporains comme Boccace ou Pétrarque, mais il marqua aussi de nombreux écrivains des siècles suivants, les plus grands auteurs en particulier…


Sûrement le plus beau livre du monde... Il y a tout dans ce livre, de la pire souffrance à l'amour le plus pur... Il ne faut pas négliger le purgatoire et le paradis, le tout forme une trinité inqualifiable... La plus belle poésie qui existe est celle de Dante, il a inspiré les plus grands (Pétraque, Boticelli) qui eux-même ont influencé les classiques du 16ème au 19ème siècle... Virgile est largement battu par son élève...


Sur ce, portez vous bien. lisez Dante ! C' est un génie ! Il le mérite amplement. Continuez à lire. La lecture est une des fondations de notre culture Hélléno-chrétienne. Tcho. @ +.

ClementLeroy
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Top 10 Livres

Créée

le 9 mai 2016

Critique lue 1.5K fois

9 j'aime

6 commentaires

San  Bardamu

Écrit par

Critique lue 1.5K fois

9
6

D'autres avis sur La Divine Comédie

La Divine Comédie
Ramlladu
9

Divin.

Quels superlatifs employer pour faire honneur à la Divine Comédie ? Quels termes seraient les plus appropriés pour évoquer la somptuosité et la richesse de cet immense poème ? La tache est plus que...

le 17 sept. 2014

58 j'aime

14

La Divine Comédie
Plume231
8

"Il n’est nulle douleur plus grande que de se ressouvenir dans la misère des temps heureux" !

Au milieu du chemin de notre vie, ayant quitté le chemin droit, je me trouvai dans une forêt obscure. Ah ! qu’il serait dur de dire combien cette forêt était sauvage, épaisse et âpre, la...

le 21 juil. 2018

33 j'aime

15

La Divine Comédie
Gand-Alf
7

Heaven's gate.

Tous les lecteurs / trices ont une cryptonite. La mienne a pour nom: poésie. Je ne dis pas que je n'apprécie pas de temps en temps un beau petit poème, que je suis insensible au doux mélange des...

le 13 mai 2014

32 j'aime

5

Du même critique

Les Essais
ClementLeroy
9

Un grand auteur, un grand humaniste, un grand penseur

Bonjour à tous, Aujourd' hui, je m' attaque à un auteur, malgré sa renommée, restant , en grande partie, méconnu de tous, excepté de quelques universitaires et snobinards prétentieux de mon...

le 16 févr. 2015

28 j'aime

5

Journal d'un curé de campagne
ClementLeroy
10

L' insupportable vérité du Christianisme.... L' Enfer, c' est de ne plus aimer....

Bonjour à tous, Me voilà aujourd'hui avec ce roman célébrissime de Bernanos. Donc, pourquoi une critique de plus sur un livre trop connu, et très plébiscité, me direz-vous. Et bien, je trouve ce...

le 9 déc. 2016

24 j'aime

1

Illusions perdues
ClementLeroy
9

Pas un chef-d'œuvre, LE chef-d'œuvre de Balzac !!

Bonjour à tous, Plus d'une fois, je m'étais promis de lire "Illusions perdues" et "splendeurs et misère des courtisanes". De report en report, j'ai fini par trouver le temps et la patience...

le 16 févr. 2015

20 j'aime

3