Lassés des mauvais traitements, les animaux d’une ferme anglaise se liguent contre les humains. Sous l’impulsion des idées révolutionnaires du cochon Sage l’Ancien, ils exproprient leur fermier Mr. Jones et aspirent à une nouvelle société, où tous les animaux sont libres et égaux. L’Animalisme mis en place, les animaux de la ferme édictent sept commandements permettant à tous de vivre harmonieusement.



"Tout deuxpattes est un ennemi (…) Nul animal ne portera de vêtements. (…) Nul animal ne boira d’alcool. Nul animal ne tuera un autre animal. Tous les animaux sont égaux. »



Rapidement, les commandements sont bafoués un à un. Un régime totalitaire s’installe, où sévissent culte de la personnalité et propagande musclée.


En réalité, l’histoire est une dystopie de l’idéal communiste. Le récit nous montre comment le populisme se métamorphose sournoisement en dictature.



« Il n’y avait plus maintenant qu’un seul Commandement. Il énonçait : Tous les animaux son égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres. Après quoi le lendemain il ne parut pas étrange de voir les cochons superviser le travail de la ferme le fouet à la patte. »



Orwell dépeint l’allégorie de l’échec du communisme dans le stalinisme. Tous les personnages sont eux-mêmes des allégories. Ainsi, Mr. Jones, l’ancien propriétaire de la ferme, représente le Star Nicolas II, évincé du pouvoir aux prémices du communisme. Le cochon Sage l’Ancien, qui meurt trois jours après avoir partagé son rêve révolutionnaire avec ses comparses à quatre pattes, est quant à lui la personnification de Karl Marx, père du communisme. Le cochon autoritaire Napoléon incarne Staline, tandis que son rival dans la fiction, Boule de Neige, l’est aussi dans la réalité puisqu’il représente Trotski. Quant à Brille-Babil, un « causeur éblouissant (…) pouvant faire prendre des vessies pour des lanternes », il incarne la propagande. En outre, les neufs molosses dressés par Napoléon symbolisent vraisemblablement le NKVD : la police politique soviétique traquant les opposants au régime, et ce, dès 1934. Enfin, le brave cheval Malabar est l’allégorie du mineur Alekseï Stakhanov, et plus généralement du Stakhanovisme, cette notoire campagne de propagande faisant l’apologie du travailleur sur-productif et dévoué corps et âme à sa tâche.


La Ferme des animaux est une œuvre brillante, qui retrace avec discernement et satire la dictature Stalinienne. Je trouve remarquable la façon dont l’auteur se distancie de son époque, afin de parler d’un régime clos et dont on savait, en 1945, très peu de choses. En fin observateur de sa société, Orwell dénonce les dérives totalitaires qui ont permis d’asseoir Staline à la tête de l’URSS. L’histoire possède un intérêt politique mais aussi social. Raconté de manière ludique et personnifiée, un peu à la manière d’une Fable de Jean de La Fontaine, l’ouvrage semble approprié pour expliquer simplement le fonctionnement d’un régime autoritaire à des lecteurs jusqu’alors hermétiques à la politique.

moujica
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le 24 mars 2015

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