La ferme des animaux est un pamphlet polissé conçu pour réfuter toute prise de pouvoir par la force au nom du peuple. C'est une satire à peine exagérée du régime communiste antidémocratique qui a pu sévir en URSS ou ailleurs. Au-delà de ça, c'est toute forme de tyrannie, exercée au nom du bien commun, qui est remise au centre des préoccupations. Cet examen des manipulations du règne animal exercées par les forts sur les faibles démontre que l'état de droit cède implacablement à la pression de révolutionnaires, et autres « libérateurs » de l'oppression, trop rapidement érigés en chefs, puis en despotes. Mais la métaphore de l'état de nature confiné dans cette jungle autogérée, véritable microcosme sociétal, est avant tout formulée pour interroger le lecteur sur son rôle de citoyen dans la nomenclature politique contemporaine. Alors bien évidemment, le réquisitoire évoque autant les classiques comme 1984 du même auteur, que de manière moins flagrante le Farheneit 451 de Bradbury. Le cochon en chef, « Napoléon » dans la version française, éructe ses règles iniques sous la houlette d'une toute-puissance illégitime. En découle une manipulation des concepts qui entraîne leur négation. Qui devient légion sous le joug du révisionnisme de cette pseudo-démocratie dictatoriale. En fait, le court roman d'Orwell est un peu comme un bon cours d'Histoire politique trouble dispensé par un bon prof : une leçon édifiante pour l'avenir tout comme un devoir de mémoire. De là à ce que le prof soit aussi magicien pour transformer cette fable en un super bouquin... Ca se discute.