Voilà un thriller psychologique comme je n’en avais pas lu depuis longtemps! Alternant à chaque chapitre les points de vue d’Emma et de Jane, basculant ainsi entre présent et passé, le lecteur découvre les circonstances qui ont poussé chacune de ces femmes à s’installer au One Folgate Street, et leur vie dans cet environnement atypique. Toutes deux se ressemblent physiquement, et la similitude de ce qui va leur arriver nous fait craindre une fin identique. Mais intérieurement, ce sont bien deux femmes radicalement opposées. C’est justement sur leurs différences que repose l’intrigue de ce récit, permettant de voir plusieurs aspects des personnages qu’elles vont croiser, perdant ainsi le lecteur qui ne sait plus ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas, on ne sait plus que croire. Jouant sur les habitudes que nous avons pour rendre certains personnages plus suspects que d’autres, l’auteur brouille les pistes avec brio, faisant monter progressivement le suspense jusqu’au dénouement.
Il est intéressant de suivre l’évolution de quelques personnages, ou leur non-évolution, de voir qui regarde devant et qui vit encore dans le passé, tout en abordant les thèmes du deuil, de l’amour, de la confiance, de la quête de la perfection et de la maternité. Comment parvenir à avancer dans la vie quand on ne parvient pas à se défaire du passé? Mais peut-on toujours s’arracher à ce qui nous a en quelque sorte conditionné? Et cette façon de montrer que nous sommes des êtres routiniers, avec des rituels, des tics dont nous n’avons pas toujours conscience! Notamment avec cet extrait, qui met vraiment l’accent sur ce fait:
« Nous sommes tous coupables de répéter les mêmes phrases, d’employer les mêmes raccourcis linguistiques. Nous racontons tous les mêmes anecdotes à des personnes différentes, parfois aux mêmes personnes, souvent avec les mêmes mots. Qui ne se répète pas de temps en temps? « Compulsion de répétition ». N’est-ce pas un terme pédant pour dire que nous sommes des êtres d’habitude? »
L’auteur nous livre un récit haletant, prenant, où le lecteur est manipulé, contrôlé, mais il lui est impossible ou presque de refermer ce livre tant il est pris dans l’ambiance obsédante du One Folgate Street. À noter également le titre et ses différentes interprétations.