Il est bon de voir que les maisons d'édition qui commencent à s'intéresser à la fantasy perpétuent une tradition établie de longue date par Pocket, celle de la quatrième de couverture qui raconte absolument n'importe quoi. Si ce livre a effectivement la servante Sorren pour protagoniste, son voyage vers Tornor ne débute que très tard, dans les cent dernières pages de ce livre qui en compte 600, au point qu'il en paraîtrait presque superflu ; l'essentiel de l'intrigue tourne autour des magouilles politiques à Kendra-du-Delta. Oubliez le « bien-aimé » (elle est lesbienne – celui qui a dit « évidemment » après avoir lu la critique du tome 1 gagne un susucre), le « peuple oppressé » et la « révolution », car il n'y en a pas la moindre trace.


La Fille du Nord est meilleur que son prédécesseur, mais guère plus : on reste dans un univers tristement terre-à-terre, où les événements s'enchaînent avec un affligeant manque d'à-propos (un conseil important se réunit, discute, et s'ensuivent cinq minutes de flottement où tout le monde va se balader ou papote avec les serviteurs avant que les débats ne reprennent comme si de rien n'était !), où l'on s'appesantit lourdement sur les excrétions corporelles (au moins deux mentions de la sueur de Sorren coulant entre ses seins, on s'en serait passé) et sur les relations sexuelles, presque exclusivement lesbiennes, au mépris de toute logique : les tensions sont plus nombreuses entre femmes qu'entre hommes et femmes !


Ce roman étant essentiellement urbain et politique là où le tome 1 était plutôt rural et orienté vers le voyage, on aurait pu espérer de ce changement de cadre quelque chose qui rendrait cet ouvrage et son univers vraiment prenants et uniques... mais non. Enfin, il y a un brin de suspense, quelques bonnes idées (voir la déchéance de Tornor, des siècles après La Tour de guet, serait presque un moment poignant), et les personnages sont suffisamment attachants pour rendre ce roman lisible. Rien de plus, sans compter les grossières erreurs de syntaxe de la traduction, parmi lesquelles un magnifique « ne sers pas tes doigts trop fort » (sic).


En quatrième de couverture, Theodore Sturgeon nous dit « Époustouflant ». Il devait être asthmatique.

Tídwald
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le 31 mai 2014

Modifiée

le 31 mai 2014

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