Millénium, tome 2 est presque un polar.
Les Hommes qui n'aimaient pas les femmes n’était pas un polar. Il était le roman d’un journaliste.
Dans ce deuxième tome, le journaliste Stieg Larsson garde tout de même ses réflexes en disséminant de vraies informations dans son roman, mais cela est beaucoup moins appuyé dans La Fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette. Certes, chaque tome constitue une facette de la Suède contemporaine. Dans le tome 2, l’auteur développe la traite des femmes, les médias et la Guerre Froide. Toutefois, le livre se rapproche plus de la forme classique d’un polar avec une enquête « en direct » et la présence de la police. Je trouve la forme plus équilibré que dans le second.
Autant l’action du tome 1 peine à démarrer, autant le tome suivant plonge directement dans des événements impressionnants. La lecture est addictive très rapidement.
La surenchère des dénouements de la fin me font toutefois regretter une certaine sobriété et surtout le réalisme du tome 1.
En plus d’un point, La Fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette est beaucoup plus cinématographique que Les Hommes qui n'aimaient pas les femmes.
Le véritable changement se trouve dans le traitement des personnages. Je trouve d’ailleurs ce tome assez curieux. Dans le tome 1, il est indéniable que l’originalité du roman réside dans le personnage de Lisbeth Salander. Souvent, le succès d’un livre pousse des auteurs à accentuer, par facilité, les points forts de leur œuvre précédente, afin de contenter leur lectorat. Ce tome 2 se centre sur Lisbeth Salander, or Stieg Larsson n’a pas eu l’opportunité d’orienter sa suite, pour cause de décès. Le romancier avait donc bien conscience dès le départ de la force de son personnage. Au risque de briser les équilibres dans ce deuxième opus.
Le personnage de Mikael Blomkvist est transparent dans ce tome 2. Mise à part deux interventions décisives, son rôle est purement narratif. Blomkvist ne sert que de révélateur, il n’est là que pour révéler les histoires de Lisbeth et de Zala. En cela, il remplit essentiellement son rôle de journaliste. Il est observateur et non plus acteur. En beaucoup de points, Mikael Blomkvist ressemble de nouveau à Stieg Larsson. L'auteur a mis tout un roman à construire un duo improbable et le détruit dès le deuxième tome.
En bon lecteur de romans policiers, l’écrivain sait toutefois faire preuve d’originalité dans sa façon de dévoiler les énigmes, notamment lorsqu’il s’agit de révéler le dénouement du triple homicide. Il s’attache plus au contexte qu’aux preuves matérielles.
Un autre point me paraît particulièrement intéressant. J’étais surpris de la forte présence des aventures sexuelles des personnages dans le tome 1. Cette question prend tout son sens dans la suite. Le sexe n’est pas ici une distraction coquine pour les lecteurs males. Il participe à la construction des personnages et surtout à leur représentation sociale. Si la sexualité se savoure dans l’intimité, elle empoissonne la vie publique, tant pour Mikael et ses nombreuses conquêtes que Lisbeth et sa bisexualité occasionnelle.