Jeanne est juge une d'instruction aux névroses évidentes de banalité. Elle profite d'une investigation pour placer sur écoute le psychiatre de son amant, qui par le truchement d'un hasard tout de même rudement pratique se trouvera être aussi le médecin de celui qu'elle traque. Ainsi, véritable femme de loi, digne des meilleures séries de TF1, entre cannibalisme et rites préhistoriques elle n'hésitera pas à saborder sa carrière pour se lancer à la poursuite de ce tueur en série qui la mènera aux confins de l'Amérique latine.
A l'image de l'héroïne qui l'incarne, La forêt des Mânes est un roman sans relief à la saveur pré-construite. Cette Jeanne est tout juste exaspérante tant elle incarne de façon provocante un cliché populaire et paradoxalement romantique de la trentenaire actuelle. Tout le récit est plombé par cette fille qui sans plus s'interroger alterne psychotropes et masturbation impromptue, de sorte qu'on ne parvient même pas à la prendre en pitié.
Même les meurtres pourtant sordides, généralement point d'orgue du roman policier, deviennent à travers ses yeux d'une fadeur qui lasse. Jeanne Ingère, digère pour normaliser et aplanir là où ne devrait y avoir que rebondissements et frissons.
Ainsi, outre la mal dégrossie juge d'instruction, ce qui freine le plus la lecture de ce roman, c'est que tout s'imbrique petit à petit. Les déductions sont amenées au fur et à mesure, il n'y a pas de levé de rideau final, aucune surprise pour ces dernières pages qui pourtant sont bien longues à venir. Et que penser des diverses considérations psycho-psychiatriques qui fleurissent ça et là (en général aux moments où l'auteur peine à justifier des actions de ses personnages) ? Et bien pas grand chose, il convient de ne rien en dire sinon de lire la page faits-divers d'un journal de province, elle sera mieux documentée.
Avec ce roman, Jean-Christophe Grangé devient à la littérature policière ce que Bernard Werber est à la chronique scientifique.
madamedub
2
Écrit par

Créée

le 8 mai 2011

Critique lue 972 fois

5 j'aime

1 commentaire

madamedub

Écrit par

Critique lue 972 fois

5
1

D'autres avis sur La Forêt des Mânes

La Forêt des Mânes
madamedub
2

Critique de La Forêt des Mânes par madamedub

Jeanne est juge une d'instruction aux névroses évidentes de banalité. Elle profite d'une investigation pour placer sur écoute le psychiatre de son amant, qui par le truchement d'un hasard tout de...

le 8 mai 2011

5 j'aime

1

La Forêt des Mânes
titane
7

Promenons-nous dans les bois...

L'univers de Grangé emprunte au conte de fée ses aspects les plus terribles. La différence réside dans le fait que, bien qu'ils baignent dans le fantastique, ses livres décrivent à la...

le 20 oct. 2010

3 j'aime

La Forêt des Mânes
Missbale974
6

Critique de La Forêt des Mânes par Missbale974

La première partie de ce roman se révèle très intéressante et très bien écrite.Très vite,le lecteur est happé bien malgré lui par le rythme haletant du récit et il est désireux comme toujours d’en...

le 3 mai 2013

2 j'aime

Du même critique

Rien ne s'oppose à la nuit
madamedub
8

Critique de Rien ne s'oppose à la nuit par madamedub

Delphine de Vigan, que l'on avait pu rencontrer avec "Jours sans faim" ou le plus récent "No et moi" signe un nouveau roman, consacré à la vie de sa mère: "Rien ne s'oppose à la nuit", titre emprunté...

le 18 sept. 2011

27 j'aime

2

Le Mépris
madamedub
10

Critique de Le Mépris par madamedub

« Le mépris« , pour beaucoup de gens, c'est avant tout le célèbre film (1963) de J. L. Godard, avec Brigitte Bardot. Mais il s'agit avant tout du livre d'Alberto Moravia, auteur italien réputé entre...

le 4 mai 2012

13 j'aime

1

Sartoris
madamedub
10

Critique de Sartoris par madamedub

Dans l'Amérique du sud qui lui est familière, William Faulkner narre une nouvelle fois les thèmes qui lui sont chers: les grandes familles du Sud déchues par la guerre de Sécession, les communautés...

le 9 févr. 2012

9 j'aime

1