La guerre de Troie n'aura pas lieu par poko

Je suis divisée. Je ne sais pas si je sais quoi penser ou si je ne sais que penser de la guerre de Troie n’aura pas lieu, de Jean Giraudoux. Perturbante hésitation.

La pièce a été écrite et jouée en 1935 – dans le contexte politique que l’on connait – alors que l’auteur, si mes calculs sont exacts, avait quelque chose comme cinquante-cinq ans. Diantre. J’aurais juré à la lecture qu’il en avait quarante de moins.
Il ne s’agit pas ici du style, on a affaire à des mots maîtrisés, à un ton fataliste, peu oral, mais qui ne détonne pas dans le théâtre non rimé ; cela dit, il y a quelque chose de très potache dans les allusions plus ou moins masquées et, surtout les références dont Giraudoux parsème son texte. « Il faut rendre à Pâris ce qui appartient à Pâris », par exemple (et c’est loin d’être la seule citatiion détournée), change totalement le ton du propos. On était sérieux, on devient soucieux d’étaler avec évidence une once de culture moqueuse ou parodique. On était auteur, on devient élève. Je suis loin d’adorer l’effet.

Un autre de mes problèmes a été que, souvent, les allusions à la première guerre mondiale ou à la marmite politique européenne de 1935 m’ont semblé imperceptibles. J’ai dû quelques fois saisir un clin d’œil, une critique, mais la plupart du temps, ce sont les notes de bas de pages qui faisaient le lien avec des événements que, pourtant, je connaissais majoritairement. Même avec du recul, même en ayant lu les notices, je doute que les contemporains de Giraudoux les aient tous saisies. C’est maladroit.

Cela dit, ça n’empêche pas de saisir le propos principal et de le transposer dans le contexte de l’époque. On est entre une guerre et une guerre hypothétique, on s’interroge sur le sens et la fatalité de la guerre.

Il y a dans la guerre de Troie n’aura pas lieu une réflexion intéressante quoiqu’un peu morne et surtout plusieurs répliques qui valent le temps de la lecture. Mais je n’ai pas grand-chose d’autre à dire, et je ne sais pas encore si je le relirai pour retrouver ces perles et ces raisonnements qui m’ont réellement titillée ou si j’oublierai ces quelques pages sitôt rangées dans ma bibliothèque.