Un groupe d’élite, formé dès l’enfance à faire face, part des confins d’une terre féroce, saignée de rafales, pour aller chercher l’origine du vent. Ils sont vingt-trois, un bloc, un nœud de courage : la Horde. Ils sont pilier, ailier, traceur, aéromaître et géomaître, feuleuse et sourcière, troubadour et scribe. Ils traversent leur monde debout, à pied, en quête d’un Extrême-Amont qui fuit devant eux comme un horizon fou. Expérience de lecture unique, La Horde du Contrevent est un livre-univers qui fond d’un même feu l’aventure et la poésie des parcours, le combat nu et la quête d’un sens profond du vivant qui unirait le mouvement et le lien. Chaque mot résonne, claque, fuse : Alain Damasio joue de sa plume comme d’un pinceau, d’une caméra ou d’une arme… Chef-d’œuvre porté par un bouche-à-oreille rare, le roman a été logiquement récompensé par le Grand Prix de l’Imaginaire.

Voilà pour la quatrième de couverture et le synopsis de La Horde du Contrevent. Très franchement, si vous n’êtes pas déjà ne serait-ce qu’intrigué par ce roman d’Alain Damasio, auteur de l’apparemment très bon lui aussi La Zone du dehors, je ne comprends pas bien. Mais soit. Cette critique est là pour vous aider à sauter le pas et comme moi, ne pas le regretter. Paru en 2004, ce livre de science-fiction pourra, je pense, séduire même les plus allergiques à ce genre de littérature.

Depuis l’ouest, l’Extrême-Aval, jusqu’à l’Extrême-Amont à l’est, le lecteur suit ce groupe dans sa quête de l’origine du vent. Grâce à une méthode originale, l’auteur nous donne l’impression d’être un membre à part entière de cette Horde. En plus des numéros de pages qui vont décroissants, pour remonter le récit à la manière dont eux remontent le courant du vent, Damasio utilise un système de symboles (Ω, π, ¿´, Δ … etc.). Chacun d’entre eux est lié à un personnage et est apposé au début de chaque paragraphe pour signifier qui en est le narrateur. Ainsi, le récit est non seulement dynamisé grâce à de courts paragraphes qui jonglent entre les intervenants, mais le lecteur se trouve surtout dans la tête des personnages, ce qui permet l’illusion d’être un membre omniscient de la Horde. Chacun a de plus une manière bien particulière de s’exprimer, ce qui ajoute au côté unique de chacun d’entre eux.

Des symboles sont aussi régulièrement utilisés pour « retranscrire » les différents vents que la bande va rencontrer tout au long du livre, ainsi que les formations qu’ils vont adopter pour y faire face. Ceci, couplé à un talent d’écriture incontestable, fait qu’on se sent comme pris au piège au cœur même de la Horde lors de ces moments d’affrontement entre l’Homme et les éléments. Dès le premier furvent (un vent particulièrement violent vous l’aurez compris), on se surprend à être tendu, voire en apnée, tant l’intensité de l’épreuve est bien retranscrite. Plusieurs passages sont réellement épiques, notamment vers la fin où tout s’accélère et où l’impression de perdre le contrôle est insoutenable.

»… »… __°__ ,

Avec plus de 20 personnages tous ne sont bien évidemment pas développés de manière égale, ce qui n’empêche pas de s’attacher à eux, à leur évolution et à leurs relations. Impossible de ne pas citer Caracole, qui pourra très souvent rappeler le Fou de la saga de L’Assassin Royal de Robin Hobb. Avec ses mystères, ses traits d’esprit et sa répartie inégalable (son duel est incontestablement l’un des meilleurs passages du livre, chapeau Mr Damasio) font qu’à de nombreuses reprises on reste pantois devant ses interventions. Malgré quelques passages un peu longs et ardus, traitants notamment de la nature même du vent, l’ensemble de l’œuvre est assez exigeant mais se laisse bien lire.

Beaucoup ont trouvé – à juste titre – la fin prévisible. Malgré cet état de fait, on reste curieux jusqu’au bout et celle-ci conclut très bien cette aventure qui ne laisse pas indifférent. La quête de la Horde soulève bien des réflexions et interrogations sur le sens même de la vie tout au long du récit. Son univers original et cohérent, sa manière unique d’être raconté et ses personnages attachants et profonds, autant d’ingrédients qui font de ce livre une œuvre réellement exemplaire et touchante. Actuellement 22ème dans le top 111 livres de senscritique, La Horde du Contrevent mérite amplement sa place tant le talent d’écriture et la maitrîse d’Alain Damasio sont incontestables.

Une adaptation sous la forme d’un long métrage d’animation est attendue courant 2013. Windwalkers : Chronicle of the 34th Horde, c’est son nom – puisqu’il sera en anglais – sera réalisé par Jan Kounen, notamment réalisateur du film 99 Francs. À titre personnel, bien que ce film figure parmi mes préférés, j’ai extrêmement peur du résultat final. Wait and see. En attendant, foncez sur cette valeur sûre qu’est le livre ! Comme pour beaucoup d’aventures, contrer le vent avec la Horde peut s’avérer fastidieux, mais que d’émotions au final !
aGa
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le 3 déc. 2012

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aGa

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