La Horde du Contrevent est un livre impressionnant : porté par un énorme bouche-à-oreille, il a su trouver son public, y compris sur SensCritique où ses notes sont juste hallucinantes, notamment la proportion de 10, et surtout le nombre très réduit de mauvaises notes.
Et c'est bien ça qui me perturbe, surtout basé sur ma propre lecture du livre, achat et lecture qui fut poussée par ces notes de SensCritique, par ce livre qui revient si souvent dans les listes.
Damasio a une connaissance et une maitrise de la langue française qui sont absolument époustouflantes, aussi bien pour son utilisation de termes assez inhabituels, voire pour ses néologismes. J'aurais envie de recommander Alain Damasio pour l'Académie Française, en tant que membre de la Francophonie, ou même à la Délégation Générale à la Langue française, tant il est rare qu'un auteur apporte autant à une langue dans un seul ouvrage, voire même dans une carrière toute entière.
Mais c'est bien là que le mat blesse concernant ce livre : toute cette utilisation de la langue française m'a semblé être un moyen de masquer un vide monstrueux.
En effet, la sur-utilisation de ces termes rares, de néologismes, de phrases à rallonge (avec notamment une phrase faisant 3/4 d'une page), d'une même scène vue des différents personnages font que l'intrigue avance lentement, trop lentement à mon goût (ex: les 3 pages décrivant le vol de Schist dans la Norska), et rendent certaines scènes assez illisibles (exemple-type : le passage du Convoyeur et la description du "lac"), avec même des fois la sensation que parfois l'auteur se contredit.
Pour faire simple durant la lecture de ce roman, je me suis terriblement ennuyé, et finalement, rares sont les passages me donnant réellement envie de connaitre les aboutissements du livre (il y en a, le combat de joute verbale).
Concernant les personnages, malgré 23 personnages (justifiant l'utilisation d'un petit symbole pour identifier les personnages, et le bienvenu marque-page fournit avec le livre), finalement Damasio n'en utilise réellement qu'un nombre assez réduit. Ils sont relativement bien décrits, mais ne sont pas parvenu à atteindre mon empathie, à m'identifier à eux. Ce qui me dérange aussi avec ces personnages, c'est qu'ils sont sensés être liés depuis près de 30 ans, mais que ça ne se transparait pas durant le livre.
La plupart des personnages sont là pour faire de la figuration, ce qui est dommage, et auraient mérité d'avoir plus de passages pour eux, surtout vu le nombre de pages et les lenteurs de l'intrigue. Cela aurait été pertinent et intéressant, car Damasio aurait alors effectivement pu jouer avec les styles d'écriture différents propre à chaque personnage, comme il l'a fait très brièvement avec Arval, l'éclaireur.
Au niveau de l'intrigue, le début de la lecture laisse penser un incroyable final, mais on se rend progressivement compte qu'il ne peut pas en être ainsi, et même si on continue à espérer tout le long du roman à une surprise, on se prépare à quelque chose de nettement moins enthousiamant ...
En fait, on comprend réellement que le final va être nécessairement décevant ou logique arrivé à Krafla.
Le développement de l'intrigue est aussi décevant, encore plus lors de la disparition complètement ridicule de la majorité des personnages dans la partie finale, qui fait un effet flan : tout ça pour ça ?
Les formes du vent sont intéressantes au début, mais l'auteur part dans des concepts métaphysiques avec la notion de "vif", concepts auxquels je n'ai pas accroché.
De même pas mal d'idées intéressante sont finalement très peu développées. Je n'ai pas réellement compris l'intérêt de la Poursuite, le débat entre tradition ancestrale (la Horde) et développement technologique (les fréoles) aurait pu être plus poussé et intéressant.
Au final, le livre est ambitieux, mais est plombé par les choix de son auteur (style d'écriture, lenteur, intrigue), et m'aura déçu plus qu'autre chose, surtout considérant les notes des autres membres de SC.