Un souffle opaque et épique
« La Horde du Contrevent » est un roman d’une originalité folle, d’une ampleur et d’une ambition rare, tant d’ailleurs sur le fond que sur la forme. Dans un monde fondé sur un seul élément, le vent, omniprésent et multiforme, le lecteur est placé dans la peau d’un groupe hétéroclite et pourtant d’une grande homogénéité, « La Horde », en route vers l’Extrême-Amont.
Sous ce postulat chimérique qui apparaît pour ce qu’il est – vain – dès les toutes premières pages, Alain Damasio parvient tout de même à nous emporter dans les méandres de son récit, nous mettant en proie à de véritables moments de grâce : on peut citer pour exemple un duel littéraire d’une intensité et d’une virtuosité ébouriffante, mené de main de maître écrivain.
Cependant, le récit donne parfois l’impression de ployer sous son ambition : le nombre de personnages principaux, tout d’abord, est si important que la force émotionnelle du récit s’en trouve drastiquement réduite. Il ressort aussi une impression latente et pas forcément positive de toute puissance de l’auteur, comme si tout, même le plus extravagant, même l’inimaginable, pouvait survenir, à tout moment, sans cadre réellement défini. Et pourtant, malgré cela, la chute de « La Horde du Contrevent » – bien que ne constituant pas l’essentiel du récit – n’en demeure pas moins cousue de fil blanc.
Un grand livre donc, très ambitieux. Peut-être un peu trop.