Je l'ai fini il y a quelques semaines déjà, et c'est finalement le meilleur moment pour juger de l'impact que le bouquin a pu avoir sur moi. Premièrement, que les choses soient claires, nous ne sommes pas confrontés à un chef d’œuvre intemporel, ni à une œuvre-monde à l'anglo-saxonne. Quoique... la "facilité" pour Damasio de transformer son histoire en "tout" est justement le thème du vent et de la lutte, qui oblige les acteurs à pousser toujours plus loin dans la même direction, en ligne droite. Ainsi, la sensation de somme apparait, sans qu'il ait besoin de laisser subodorer la cohérence du monde que l'on ne voit pas.
Chez Tolkien, Zelazny ou Asimov pour citer les plus grands de mon panthéon, l'auteur en sait manifestement plus que nous sur le monde qu'il décrit, on a même la sensation confuse qu'il n'en est que le scribe. Damasio n'en sait pas plus que nous. Il nous donne tout ce qu'il y a à savoir sur l'univers qu'il nous raconte. Ainsi le concept perd de sa force et le monde de sa consistance.
Ceci étant, si il n'atteint pas des sommets de ce côté-là, il a une indéniable force dans l'écriture, dans la manière de jongler entre les points de vue, même si on peut reprocher à l'auteur de sérieusement se regarder écrire, et de mettre en avant un poil de philosophie parfois psychologisante, et tout cas pas toujours bien digérée.
L'histoire garde un intérêt important durant la majeure partie de l'ouvrage, même si les ressorts sont quasi Werberiens (le syndrome et-derrière-la-colline-il-y-a / et-derrière-la-porte-il-y-a...), et le suspens tient malgré tout en haleine.
La construction des personnages est particulière, leur statut d'archétypes, de personnages-fonction se justifiant par la construction même de la horde et du monde qu'il représente. Le défaut étant qu'il est parfois difficile de s'attacher à des personnages aussi monolithiques ou falots.
Enfin je critique, je critique, mais après tout je me suis plutôt amusé à lire l'ensemble,et même si j'ai comme beaucoup pensé que la fin était pour le moins suspecte, je dois avouer que l'ensemble est plutôt convaincant.
Simplement, que les choses soient claires, ce n'est pas le "plus grand roman des vingt dernières années" et il ne mérite vraisemblablement pas l'emballement général... 21e du top 111 au moment où j'écris ces lignes... et ben ma parole, à ce tarif je vous refile du Sprague de Camp ou du Pierre Pelot. Non mais !