Une bonne histoire, une petite déception
La Horde du Contrevent, n°1 du top 111 de Senscritique? Voilà qui promettait un livre extraordinaire, une expérience de lecture unique ou une grosse déception. A l'arrivée la déception est là mais n'est que minime.
La Horde du Contrevent c'est une équipe de spécialistes chargés de remonter le vent jusqu'au bout du monde. Car le monde dont nous parlons est balayé par les vents, du Nord vers le Sud. Partant du Sud, les 16 hordiers remontent la bande de Contre.
Aux 16 protagonistes correspondent 16 rôles, 16 personnages, 16 personnalités et 16 narrateurs. L'artifice permet à Damasio de donner la parole à 16 voix différentes, avec leurs styles et leurs points de vue. C'est intéressant mais parfois agaçant. Et surtout ça ne laisse que peu de place à chaque voix pour s'exprimer et se décrire et certains des hordiers sont relégués à des rangs très mineurs.
Alors que certaines critiques parlent de livre-univers j'ai l'impression d'avoir lu une version rabotée de la Horde du Contrevent. Il y a peu de place pour la description pure ou la contemplation dans l'oeuvre de Damasio et le lecteur devra forcément imaginer un peu. Quitte à ne pas tout comprendre. Impossible pour moi de me représenter la faune et la flore. Ou d'imaginer le niveau technologique des humains. Impossible aussi de me faire une idée du monde, de sa géopolitique, de son contexte religieux, de son passé... Les ellipses temporelles sont parfois assez énervantes, le récit sautant d'action en action, comme un jeu vidéo dans lequel on n'aurait droit qu'à des phases d'action ou de combat.
Le tout soulève des questions: je suis infoutu d'expliquer ce qu'est un chrone, certains peuples maitrisent des technologies leur permettant de remonter le vent mais tout le monde crève la faim dans des maisons en torchis, et il y a des mecs capables de ralentir le temps...
De nombreuses critiques parlent également de références à la philosophie ou à la science: pour ma part et au risque de passer pour un inculte j'ai surtout vu pas mal de charabia pseudo-philosophique, pseudo-religieux, contribuant à décrire un mythologie un peu crédible mais pas super profonde non plus.
Dernière critique pour Damasio et sa Horde: on y retrouve tout de même quelques idées prémachées. La numérotation décroissante, le démarrage par un vent, c'est du déjà-vu (sans que je n'arrive pour autant à mettre un titre dessus). Le coup de la révolte du bas-peuple ou le twist de la fin, c'est un peu pareil.
Voilà pour ma déception.
Reste que l'histoire est captivante et vraiment originale, le style pas déplaisant... finalement La Horde du Contrevent est une oeuvre de SF qu'il convient de lire mais pas sur que j'ai envie de la mettre dans mon panthéon personnel des livres à lire.