Plus qu'un livre, Mark Z. Danielewski nous a pondu un objet-livre. Riche, profond, déconcertant, absurde, labyrinthique... je ne compte plus les qualificatifs qu'on a pu lui donné. Et tous sont insuffisants à décrire cette oeuvre. Sans aucun doute le livre le plus original que j'aie pu lire.
Mêlant essai et récit d'horreur, journal intime et polar ou encore roman épistolaire et aventure, ce livre réussit un vaste melting-pot de genres, en variant les styles avec talent, et en multipliant les originalités d'écriture, jouant avec le support aussi bien qu'avec le lecteur.


Pour tenter de résumer, La Maison des Feuilles contient un essai cinématographique (sur un film de found footage n'ayant jamais existé), écrit par un aveugle, richement annoté et référencé, récupéré et annoté à nouveau par un drogué californien. Les notes de bas de page renvoient souvent à d'autres notes, ou à des notes complémentaires du 2nd narrateur.
On passe donc facilement d'une scène haletante du film à une analyse sur la qualité technique des plans, à une analyse Nietzschéenne ampoulée, suivie d'annotations amusantes, émouvantes ou carrément psychotiques du 2nd narrateur. Et de digressions en digressions, on perd le fil pour le retrouver 30 pages plus loin après avoir été happé quelques pages.
Ce sacré bordel vous effraie ? Il est jouissif !
Si on espère parfois trouver un sens profond caché, chaque digression s'apprécie en tant que telle, pour ce qu'elle est : un plaisir gratuit, souvent de masturbation intellectuelle. Un moyen de perdre le lecteur dans les recoins du labyrinthe que constitue le livre lui-même, devenant lui aussi une nouvelle Maison des Feuilles à explorer pour chacun des lecteurs qui auront le plaisir et le courage d'y entrer et de s'y perdre.

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le 6 juin 2017

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