Premier roman de la série Slough House, "La maison des tocards" est un roman d'espionnage à la fois classique et atypique, qui se lit rapidement et, dans mon cas, avec une certaine délectation. Classique parce que le cadre ne pourrait pas l'être plus : Londres, MI5, légendes, opérations...Tout y est, y compris le vocabulaire et les personnages. Du Le Carré dans le texte, qui se déroule toutefois au cours de notre décennie et non pas à la fin du siècle passé.


Cela étant, l'histoire s'intéresse avant tout aux rebuts du MI5, mis sur la touche dans la fameuse Maison des tocards, à la suite de ratés plus ou moins spectaculaires : disque dur contenant des données ultra confidentielles oublié dans le métro, blocage d'une gare londonienne à la suite d'une répétition d'opération anti-terroriste qui tourne mal, filature lamentablement foirée, etc...Et le bouquin commence par nous décrire ces personnages, pathétique assemblée de loosers (hacker asocial, alcooliques, névrosés) regroupée dans un immeuble de bureaux miteux et occupés à des tâches sans aucun intérêt. Il va sans dire qu'ils se détestent tous cordialement et ne rêvent que d'une chose, reprendre du service.


Ils vont d'ailleurs avoir l'occasion de le faire, puisque les liens avec la maison mère ne sont pas tout à fait coupés. Et le lecteur s'apercevra que cette dernière n'est pas en reste en matière de tocards, mais je n'en dirai pas plus. Car c'est un roman dont le scénario se savoure, vif, pleins de rebondissements, in fine un vrai roman d'espionnage. Bien construit, qui plus est : il n'y a pas véritablement de personnage principal, et la narration alterne, sur une fréquence élevée, les tribulations des uns et des autres.


Et enfin l'humour, souvent cynique, n'est pas la moindre qualité de "La maison des tocards". Tout le monde en prend pour son grade, les tocards comme les seigneurs, les politiciens professionnels comme les néo-nazis. Car le bouquin parvient à déborder hors du seul cadre des services secrets et nous brosse un portrait caustique et peu reluisant de la société britannique contemporaine.

Marcus31
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le 24 sept. 2017

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