Je ne peux pas encenser ce bouquin.
Non vraiment j'ai essayé. Mais trop de choses avaient pour moi un goût de déjà vu. Comme ces références à peine dissimulées à Tim Burton. Qu'on se le dise j'aime beaucoup Tim Burton. Son univers féérique, sa capacité à montrer le Beau dans le Laid, ses univers originaux. Mais trop c'est trop et je frôle aujourd'hui l'overdose de Burton. Mathias Malzieu semble beaucoup l'aimer. C'est bien. Mais à trop voir et entendre les gotho-pouffes hurler à qui veut l'entendre qu'elles "sont trop fans de Burton et pis fuck les parents et cette vie de merde" (quelle originalité! Quel acte anticonformiste!) perso je sature. Pourtant les références de l'auteur et les clins d’œils appuyés sont nombreux. Un cœur-horloge, une vieille dame isolée et rejetée qui répare les rebuts de la société, de la poésie, un romantisme à déplacer des montagnes... Bref l'esprit de Burton est respecté à la lettre. Mais assez des copies!
Les références à Olivia Ruiz quant à elles ne sont pas du tout voilées. Mathias Malzieu est (à l'époque du moins) amoureux et ça se sent. D'accord. Mais quand, comme moi, on ne supporte pas cette chanteuse, la voir devenir l'objet même de cette quête est franchement agaçant.
Enfin le rythme inégal du livre m'empêche de lui allouer une note supérieur. En grand amateur de fantasy que je suis, l'histoire avait de quoi m'attirer: du fantastique, un garçon entamant une quête pour aller chercher sa dulcinée à l'autre bout du monde. Oui, sauf que cette quête prendra fin brutalement à la moitié du bouquin (qui ne compte que 150 pages...) Le reste de l'histoire sombrera alors dans une banale romance comme il en existe tant dans le monde et la littérature. Et c'est péniblement qu'on arrivera à boucler le tout, non sans avoir poussé quelques "Mais qu'est-ce qu'il est con ce Jack !". Dommage car en développant davantage la quête de son héros, en faisant intervenir des personnages inattendus, l'auteur aurait pu donner un relief intéressant à son histoire. Car c'est, hélas, un goût d'inachevé qui restera après la première moitié du livre.
Pourtant, je ne peux pas haïr ce bouquin.
Non vraiment j'ai essayé. Malgré le fait que je me méfie comme la peste des succès "populaires" (Musso, Lévy, Mayer, E.L. James ça vous dit quelque chose?), malgré le niveau de l'histoire parfois au niveau d'un lycéen transi d'amour qui postera moult statuts facebookien façon "carpe diem lol", malgré tout cela, j'ai quand même apprécié ce bouquin.
Parce que ce livre n'est pas malhonnête. J'entends par là que Mathias Malzieu écrit avec ses tripes et son cœur et que cela se sent. Car ce Little Jack c'est lui et que sa Miss Acacia n'est que la représentation de son Olivia. Ce n'est pas pour rien que le livre lui est dédié. Et si je n'aime pas cette dernière et que de grosses lacunes viennent émailler l'histoire, je ne peux décemment pas cracher sur une œuvre honnête, dépourvue de malice et de cette volonté de vendre un maximum de bouquin sur le dos de beaufs crédules (cf: les auteurs cités ci-dessus)
Malgré tous les défauts précédemment cités, il y a de l'authenticité dans cette histoire, un certain goût de poésie et du Beau. Oui nous avons tous cherché, un jour, à comprendre les mécanismes de notre cœur, de donner la clé à quelqu'un que nous pensions digne.
Nul besoin de faire une histoire ultra complexe pour arriver à toucher les lecteurs. Et cette "Mécanique du cœur" l'est justement à certains moments. Moments trop courts hélas mais qui, personnellement, m'ont fait repenser à certaines situations et ressentiments de mon adolescence.
Pour ces quelques moments de poésie, ces fragments de souvenirs remémorés l'espace d'un instant au gré de la lecture, je ne peux honnêtement pas démonter ce livre.
Une bonne idée de départ qui aurait peut être mérité un peu plus d'approfondissement et un petit lifting du style.