La Métamorphose
7.5
La Métamorphose

livre de Franz Kafka (1915)

J'hésite à parler de lui comme l'un des livres les plus réalistes, vrais que je n'ai jamais lus ou comme l'un des livres les plus pessimistes. Au choix. On va dire que ça variera selon les les jours. Aujourd'hui, je suis plutôt dans l'optique de la première.

Ce n'est pas l'écriture ici qui m'a le plus marquée mais plutôt la façon dont l'auteur met en place l'histoire, et comment il la fait évoluer, qui est assez surprenante, mais néanmoins brillante. Le livre est court, on n'a donc à peine le temps de s'habituer à la situation initiale du personnage principal, Gregor, puisqu'on entre directement dans le vif du sujet avec son réveil, métamorphosé. Et à partir de là, la lecture se fait particulièrement éprouvante, de plus en plus (lecture que j'ai d'ailleurs fini en larmes) et au fur et à mesure que la situation de Gregor se dégrade, complètement oppressante. On assiste à cette descente aux enfers, comme un spectateur complètement impuissant, et c'est tellement dérangeant. On est présent des deux côtés : à la fois on lit tout ce que ressent Grégor, et de l'autre côté, on voit le reste de la famille qui au fil des semaines, l'oublie complètement, le réduit à l'état de chose immonde et dérangeante. Cette perte d'identité, cette emprise des autres sur son espace vital, ce dégout qu'il provoque, c'est absolument terrible. Et ce qui est encore plus terrible, c'est qu'aucun des membres de la famille ne se pose la question du pourquoi de la métamorphose, ni n'essaie de rentrer en contact avec lui, savoir s'il peut comprendre ce qu'ils disent. Ils se contentent d'abandonner si facilement, n'essaient pas de chercher plus loin, comme si c'était juste l'occasion rêvée pour se débarrasser de lui.
Très généralement, c'est fou le nombre de choses de la vie (la mienne en l'occurrence), dans les relations humaines à laquelle cette lecture peut faire écho.

C'est un livre parfaitement écrit et mené, vraiment riche aux niveaux des émotions, de la montée de la tension, mais également riche d'interprétations et qui m'aura marqué à vie. Un véritable chef-d'œuvre.
Neil
10
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le 8 août 2010

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Neil

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