Dommage. C'est ce que je me suis dit en refermant ce livre. J'étais très emballé par ce roman de Balzac en me disant que le fantastique constituerait une part d'action dans un roman du XIXème. Malheureusement il n'en a rien été. Balzac a fait du Balzac. A t-il un trouble obsessionnel qui le pousse à développer les mêmes thèmes? Un jeune homme de la classe moyenne qui rêve d'ascension, qui se confronte au "monde", à a cruauté de l'aristocratie, à leur orgueil. Pourquoi toujours une femme permet cette ascension, et cette femme donne toujours du fil à retordre au principal protagoniste. Toujours le même schéma; dans le Père Goriot, dans Illusions Perdues et là dans La Peau de Chagrin. Une fois découvert, l'artéfact est éclipsé pour ne revenir qu'à la dernière partie du roman, beaucoup plus intéressante.
J'ai apprécié la dernière partie du roman, où l'impact sur la santé mentale de Raphaël se fait vraiment ressentir. Le personnage est torturé, rendu fou, paranoïaque par ce qui grignote peu à peu sa courte vie. Très vite à court de stratagème, Raphaël sombre.
Ce livre m'a fait pensé au portrait de Dorian Gray, où le schéma est un peu similaire. Le personnage, obsédé par cet artéfact surnaturel va peu à peu perdre la boule pour se diriger tout droit vers une fin tragique. La Peau de Chagrin a été écrit 60 ans avant le livre d'Oscar Wilde, difficile de penser pour moi qu'il n'y ait pas de lien entre ces deux récits.
Pour finir, Balzac a failli me renverser de ma chaise. J'ai cru voir la fin arriver. Plusieurs fois au cours du récit il mentionne Méphistophélès, le diable de Goethe, dans Faust. Dans cette oeuvre, Faust est sauvé de son pact avec le diable par sa fiancé. Elle le tire des griffe du malin grâce au pouvoir de son amour. J'y ai cru. Les multiples référence à ce diable et l'émergence de cet amour fusionnel à la fin du roman m'ont fait croire au sauvetage de cet être condamné, mais il n'en a rien été.
En bref, dommage que le roman ne se soit pas davantage focalisé sur cette Peau de Chagrin plutôt que sur cet énième désir de reconnaissance. La Peau de Chagrin reste un très bon livre qui mérite tout de même son statut de classique.
Mes respects.