Une théologie de l'histoire

Comme le dit Marx : la conception idéaliste de l’histoire explique « la pratique à partir de l’idée ». Alors qu’en fait, ce serait l’inverse. Les idéologies sont bien plutôt les conséquences de l’environnement social, des rapports de forces entre classes, voir même des progrès techniques, technologiques et scientifiques.

C’est un peu tout le problème que j’ai avec l’idéalisme hégélien qui, non seulement tombe dans de la théologie mais en plus, inverserait les causes et les conséquences. Faire comme si les Idées ne seraient pas le produit d’un contexte social, culturel ou politique mais aurait une réalité effective et seraient l’assise même des Etats et Nations.

De plus sa célèbre phrase qui résume sa philosophie de l’histoire « l’histoire mondiale est le progrès dans la conscience de la liberté » est, au fond, un jugement de valeur, une interprétation morale, ce n’est pas un constat déterminé par l’observation des événements historiques, mais une simple vision éthique de l'histoire et des sociétés qu’Hegel tente d’imposer.

Car la liberté est bien une valeur, rien de moins, et dire que l’histoire mondiale cache un progrès dans la conscience de la liberté, alors qu’on sait tous l’intérêt que pouvait porter Hegel envers la Révolution Française dont il a été lui-même un spectateur attentif, c’est un peu faire preuve d’un manque de recul envers sa propre philosophie et envers sa propre époque. Hegel est plus un idéaliste militant qu'un philosophe ici.

N’est-il par ironique du coup de vouloir porter un jugement objectif sur l’histoire, c’est-à-dire, se poser en dehors même de l’histoire et l’observer comme un pur objet, alors que le jugement trahit un emprisonnement de celui qui le porte dans le cours même de l’histoire ?

La philosophie de l’histoire reste quand même un cours intéressant d’Hegel car il apport néanmoins des arguments à sa thèse mais sa volonté de donner à l’histoire mondiale une finalité éthique (la Liberté) et donc forcément idéaliste peine à convaincre totalement.