Eiji Yoshikawa est un écrivain de grande renommée et mourra comme tel. C'est en écrivant les aventures nippones et poétiques de Musashi - héros national historique japonais - qu'il deviendra aussi connu.


La grande force du récit est son nombre faramineux de personnages incarnant chacun des valeurs et dont la psychologie les rend "stéréotypés", mais je l'entends dans le bon sens du terme. En devenant comme ceci, nous nous en familiariserons et en tirerons des petites leçons de leur propres histoires. Seulement, ces nombreuses histoires peuvent aussi bien être d'une passion incroyable que d'une longueur effroyable. De plus, le rythme du récit parait parfois incertain. Tantôt, le romancier sautera des étapes, et d'autrefois, il prendra son temps pour le meilleur ou pour le pire. Cela m'a peut être dérangé car mon type de récit préféré est le court et bien pensé.


D'autre part, je serais inexcusable si je ne parlais de deux aspects qui sont réellement importants. En premier, c'est l'aspect historique du récit. Yoshikawa est sans cesse en train de nous replacer des évènements et des lieux de ce pays intéressant qu'est le Japon, et c'est merveilleux. Nous comprenons parfaitement comment fonctionnait la société de l'époque, l'état d'esprit qui y régnait, et comme nous voyons énormément de personnages, nous passons par différentes strates de la société féodale en passant du vagabond au seigneur en passant par le pékin moyen, ou bien l'artiste reconnu, ou bien le religieux. (Honte à moi, mais j'ignore complètement si Yoshikawa commet, ou non, de graves erreurs historiques, donc c'est tout de même à prendre avec des pincettes.)


Ensuite, en deuxième point, c'est l'écriture. Je vous promets que Yoshikawa - sous la traduction de Léo Dilé - possède de grands moments de poésie qui vont totalement à l'encontre de ses moments "historien". Le chapitre L'Art de la Guerre dans le Livre I, je crois bien, est tout bonnement magique. J'ai été complètement transporté par la retranscription de la musique plaintive d'Otsu. Mais l'écriture connaît ses moments de faiblesse qui sont de plus en plus rares car l'auteur s'améliore au fil des pages, ce qui est un plus à certains égards.


En conclusion, ce livre n'est pas non plus un incontournable ; il est un peu long et surtout la fin est loupée selon moi (alors que le Livre IV était si bon!), mais c'est à lire si l'on s'intéresse à une littérature qui ne soit pas américaine ou européenne.


PS: je n'en ai pas parlé, mais il y a d'autres défauts comme le fait que certains personnages ont des faiblesses beaucoup trop appuyées que c'en est ridicule et d'autres deviennent de plus en plus mal écrits (Takuan dont l'inutilité se fait ressentir à la fin) ; Musashi est un génie complètement idiot par exemple et cela rend la lecture moins bonne évidemment.

LapinNoir
7
Écrit par

Créée

le 30 juil. 2018

Critique lue 268 fois

2 j'aime

4 commentaires

LapinNoir

Écrit par

Critique lue 268 fois

2
4

D'autres avis sur La Pierre et le Sabre

La Pierre et le Sabre
Gand-Alf
8

Way of the Samurai.

Publié sous forme de feuilletons entre 1935 et 1939 dans le quotidien japonais Asahi Shimbun, Musashi se compose de sept livres, relatant le parcours romancé du sabreur Miyamoto Musashi. En France,...

le 23 nov. 2015

19 j'aime

2

La Pierre et le Sabre
VilCoyote
9

Menu B4

J'ai vu la parfaite lumière: dans ma prochaine vie, je veux sillonner le Japon en tongs, dormir dans des auberges miteuses, boire du thé avec des geishas et surtout, surtout, défier tous les cons qui...

le 27 juin 2012

19 j'aime

2

La Pierre et le Sabre
Alex_Garçés
9

Chef d'oeuvre !

Certains livre vous assènent une telle gifle que l'idée d'en écrire une "critique" vous met mal à l'aise. Les mots dessinant alors mon ressenti manqueront forcément de puissance et d'impact. Mon but...

le 22 oct. 2011

17 j'aime

3

Du même critique

Just Cause 3
LapinNoir
5

Rico et l'art de la funotonie

Just Cause 3, c'est le jeu qui, de prime abord, est complètement déjanté, fun, drôle et décontracté. Et, ce n'est pas faux, le jeu a ces qualités, dès le départ, on est pris dans l'action et...

le 27 sept. 2017

5 j'aime

4