Je suis une femme, pardonnez-moi.

Madame de Lafayette, comment expliquez-vous que le seul livre taclé par Nicolas Sarkozy soit La Princesse de Clèves?
En effet, souvenez-vous, en 2006, notre auguste président, pas encore président, déclarait : «L'autre jour, je m'amusais, on s'amuse comme on peut, à regarder le programme du concours d'attaché d'administration. Un sadique ou un imbécile, choisissez, avait mis dans le programme d'interroger les concurrents sur “La Princesse de Clèves”. Je ne sais pas si cela vous est souvent arrivé de demander à la guichetière ce qu'elle pensait de “La Princesse de Clèves”... Imaginez un peu le spectacle !»
C'est grâce/à cause de ces propos malheureux s'ils en sont que je me suis penchée sur La Princesse de Clèves, d'abord, puis sur La Princesse de Montpensier, ensuite.
Je ne sais trop si j'avais fondé quelque espoir en vous, Madame, mais je craignais le peu d'esprit d'une femme de lettres, notez l'importance de votre vagin dans cette triste histoire, femme née, qui plus est, en 1634.
Les gonzesses (du XVIIème siècle) peuvent elles prétendre avoir un avis, et si tant est qu'elles en aient un, peuvent elles le coucher sur le papier,en toute impunité? Le débat est ouvert, il est amusant de l'ouvrir alors que je suis moi-même en train de rédiger ce torchon.
En outre, Madame, pourquoi ne pas être restée aux fourneaux, le nez dans le tricot, l'index dans le dé à coudre, merde? Petite noblesse, particule de mes fesses ! Ha, on a des aspirations de gosse de riches, on pense cerner la nature humaine, la psychologie, en pétant dans des draps de soie, bravo! Au même moment, une petite souillon sans plume ni papier avait certainement cent fois plus d'esprit que vous ! Suffit-il d'avoir les moyens de fréquenter les salons littéraires, et de quelques amabilités buccales à La Rochefoucauld et La Bruyère, pour briller telle l’étoile polaire? Trêve de rimes en -aire, c'était la dernière.
Quoi?! Cette critique a pour fond la misogynie et la lutte des classes, et alors? Je trouve cela vendeur ! Bon, je m'égare, revenons à Montpensier.
Michto amoureuse d'un keum, amour impossible, sale histoire familiale, mariage avec un autre keum. Précisons que tous ces keums sont soit duc, soit prince. Le mari, prince de Montpensier, part guerroyer, parce que y'en a plein le cul de ces suppos de Satan de protestants. Pendant ce temps, l'amour impossible se pointe avec un duc à cheval, la michto est tellement bonne que les deux craquent leur slip (on ne sait pas pour le cheval), mais, le pote du mari, qui vit avec elle, a déjà la braguette ouverte depuis un bout de temps, sauf qu'elle veut pas. Et, quatre keums autour d'une michto, ça aurait pu finir en gangbang, mais non, on va tous se calmer. Elle veut partir avec l'amour impossible, c'est sans compter sur le nez fin de son mari qui se rend compte de l'entourloupe. Elle meurt seule après s'être comportée comme une salope. Pourquoi j'ai une érection?
Et quand je lis, après cela, que vous êtes qualifiée d'esprit incomparable, gracieux, par vos pairs, je vous avoue que je ne cerne plus bien.
Ce récit est plat, au coude à coude avec Twilight, quant à l’écriture, pour ne pas dire que vous n'avez pas de style, je dirais simplement que votre plume est d'une affligeante banalité. Vous sauvez à peine le contexte historique, quant à l'aspect psychologique des personnages, il est grossier, traité de manière superficielle voire bâclé.
Ainsi, ne voulant me contenter d'une Princesse de Clèves que je trouvais déjà bien faible, j'ai lu Montpensier et ne lui ai rien trouvé de plus, sinon quatre lettres. Pour poursuivre sur la rengaine marxiste, je remercie librio d'avoir édité cet ouvrage à deux euros, offrant à la France d'en bas le loisir de lire la délicieuse Madame de Lafayette entre Secret Story et Tout le monde veut prendre sa place, entre Nagui et Castaldi. Je suis ravie, et bien pingre, de n'avoir déboursé davantage.
Pour conclure, je m'interroge, Madame, sur votre renommée. Vous croyant entourée de mâles suffisamment connus pour vous offrir une promotion canapé, j'ai confiance en votre physique et votre libido, mais c'est avec stupeur que je découvre votre portrait, nom de Dieu vous êtes moche ! Alors quoi? Comment? Pourquoi?
En espérant qu'un nègre soit à l'origine de vos écrits, car, en femme que vous êtes, vous faites des pires topiques féminins une réalité repoussante, au vrai, vous les incarnez.