La Route
7.5
La Route

livre de Cormac McCarthy (2006)

L'enfant et le papa et la survie dans l'obscur au delà de l'obscur et le gris et la neige et la mort

Le Prix Pullizer ? Ah bah c'est forcément bien alors !
(Ci-gît la critique de mon déclin sur Sens Critique...)


J'avais d'abord fustigé la traduction de La Route par François Hirsch, que je croyais tout droit sorti d'une classe de CE1. Il paraît pourtant qu'il aurait retranscrit très fidèlement le style de Cormac McCarthy. Le problème, c'est que ce qui se fait dans la langue de Shakespeare ne fonctionne pas forcément dans celle de Molière... Traduire c'est aussi s'adapter, et pour le coup, même si je semble faire partie de la minorité, j'ai détesté cette écriture.
L'objet m'étant donc d'abord tombé des mains, c'était sans compter sur le chevalier Quentin, défenseur du veuf et de l'orphelin parmi mes éclaireurs qui aura tout fait pour me pousser à le reprendre et à le terminer. Avec succès pour sa part. Avec second degré pour la mienne.


C'est que, cette fois-ci, je me suis plutôt marré à la lecture. Mieux vaut en rire qu'en pleurer, non ?
Oh je ne parle pas de l'histoire, bien que celle-ci semble s'étirer à l'infini telle une nouvelle que l'on aurait voulu adapter au format roman, ni que l'on n'en sache pas assez sur les raisons de cette apocalypse. Car en dehors de quelques situations un peu plus mordantes, l'ensemble m'a paru tellement redondant. On croirait lire Un Jour sans Fin version survival. Seul l'aspect paranoïaque de chacun ayant quelque intérêt, ou encore la personnalité de "l'enfant", d'un manichéisme obligé.


Alors pourquoi m'amuser de tels drames ? Mais parce que j'ai trouvé d'une lourdeur incroyable ce style d'écriture post moderne, limite twitteresque, avec entre autres ses nombreuses "phrases" sans verbe ! Je ne suis pourtant pas contre le principe, cohérent avec l'ambiance "fin du monde", mais son abus hache totalement la narration, sa fluidité. Et en parlant d'abus : quid de ces phrases à rallonges nous matraquant de "et" successifs, parodiées si subtilement (^^) dans le titre de ma critique ? Sans parler de toutes les bizarreries syntaxiques, ni des répétitions grossières, ni des dialogues (sans ponctuation) d'une platitude récurrente.
Ce style froid, simpliste et dépouillé à l'extrême, pourrait certes passer pour poétique ; chacun son truc j'ai envie de dire...
Pour tenter de convaincre, je citerais bien quelques passages afin d'illustrer mon propos, mais trop de choix nuit au bon choix. Il suffit de commencer le bouquin pour rapidement se faire une idée...


Quelques points positifs tout de même : le non-chapitrage permet un rythme haletant pour qui saura passer outre le reste, ainsi que quelques rares fulgurances au niveau des images. Mais impossible pour moi d'accrocher, de pénétrer un récit aussi maladroit et heurté sur la forme.


Je ne comprendrai donc jamais l'engouement médiatique, mais surtout critique, autour de La Route, passant donc la mienne. Mes yeux ont tellement plus saigné que la jambe et l'estomac du papa de l'enfant. (Je n'ai rien non plus contre la désincarnation des personnages mais c'est tellement mal fichu dans le texte.)


Edit : j'ai revu le film en VF pour l'occasion, et c'est amusant (mais surtout salvateur) de constater que la voix-off fait fi du style initial, proposant des phrases tout ce qu'il y a de plus classique. Pas fous les distributeurs ! :P

RimbaudWarrior
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le 5 sept. 2015

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RimbaudWarrior

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