Paru initialement en 1975, "La Scierie" est un texte anonyme, publié par Pierre Gripari, et écrit par un auteur anonyme qui n'a rien écrit d'autre, et n'a même a priori pas souhaité que ce texte-là soit publié.
1950 ; François, jeune bourgeois, rate son bac, et se voit contraint d’aller travailler dans une scierie. Il se retrouve projeté dans un monde totalement différent, dans lequel il lui faut vite faire ses preuves. Dur à la tâche, François va réussir à se faire sa place dans cet univers hostile, et il nous raconte ce quotidien si dur qu’il en devient parfois inhumain. Les journées sont longues (10 heures, parfois plus, sans compter les trajets), rythmées par une cadence infernale, soumises aux intempéries de toutes sortes, et la moindre erreur se traduit par des blessures plus ou moins graves. L’épuisement accompagne sans relâche les travailleurs, et le caractère s’endurcit avec le corps. Pas de cadeau entre ouvriers, les inimitiés peuvent se régler de manière brutale, voire cruelle. Dans le même temps, l’auteur tout comme le lecteur développent un profond respect pour ces hommes, forces de la nature que peut de choses peuvent faire vaciller.
Le style est direct, sans fioriture, efficace, à l’image de ce qu’il décrit. Une langue aussi un peu marquée par son époque et son milieu, qui nous plonge littéralement dans ce monde cadencé par la découpe du bois. La lecture est fluide, prenante, et on se surprend à regretter que le calvaire de l’auteur n’ai pas duré un peu plus longtemps, pour nous permettre de suivre encore quelques pages cette aventure du quotidien.
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