Dystopie féministe récemment adaptée en série par Bruce Miller, La Servante écarlate est une chronique terrifiante qui met en scène une société glaçante. Organisée en castes utilitaires, cette société broyeuse d’identités, se révèle très hiérarchisée et patriarcale. Les individus sont triés selon leur utilité et utilisés aux fins de reconstruction de la société. Un modèle où certaines femmes jouissent du privilège, réservé à quelques unes, celui d’enfanter. Ce sont les Servantes dont fait partie Defred.
La grande force du roman est de faire de son personnage principal un être réaliste, souvent soumis au système et sans réel courage de s’opposer à la société. Ainsi, de petites lâchetés en petites lâchetés, d’indifférences en indifférences, on comprend comment un tel système a pu être mis en place. Le monde, vu à travers les yeux de Defred, se dévoile progressivement comme un endroit soumis à une rigueur implacable, où les femmes interdites de lecture et d’écriture, sont cantonnées aux tâches ménagères, à celles d’Epouses ou de génitrices. Une société souvent cruelle, où les dissidents sont relayés aux dangereuses tâches de dépollution de la planète. Ici, le collectif l’emporte sur le bonheur individuel et les couples se forment selon le mérite des hommes. Dans une société où il est difficile d’enfanter, les tensions entre les castes sont palpables.
La construction du récit implique le retour aux années heureuses par des flash-backs subtilement amenés dans l’esprit de Defred. Le contexte de cette société froide et calculatrice, est alors contrebalancé par la chaleur de ces souvenirs. L’oeuvre est percutante, terrible et effrayante à la fois puisque l’auteure avoue que toutes les situations vécues par les femmes du roman se sont déjà produites en réalité mais aussi parce que le personnage principal pourrait être l’une d’entre nous. Froide, parfois incisive mais toujours d’une grande clarté, l’écriture de Margaret Atwood surprend par sa modernité et ses thèmes tristement réalistes pour une fin superbement écrite. Une oeuvre aussi forte que dérangeante, à découvrir absolument !


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le 14 août 2017

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