La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert est un de ces livres infiniment frustrants. Il a de réelles forces, qui pourraient justifier son statut de best seller. Son intrigue est ciselée, le rythme de l'ouvrage est enlevé, les rebondissements qui le parsèment sont efficaces... mais toutes ces qualités sont réduites à néant par un élément d'une grande faiblesse qui fait de lui un livre correct, sans plus.
Son défaut, c'est l'écriture. Ce qui semble en effet péremptoire ; pour autant je n'évoque pas ici l'écriture de l'ensemble du livre. Son style est banale, c'est indéniable, mais cela n'a rien de particulièrement étonnant pour un livre de ce genre, un livre d'enquête, un thriller. Les auteurs y favorisent souvent l'efficacité au style, ce qui peut se justifier.
Quand j'évoque un problème d'écriture, c'est sur un aspect précis que ma gêne se cristallise : dans le roman, Harry Quebert est soi-disant l'un des auteurs les plus marquants de la littérature américaine, et son chef d'oeuvre n'est autre que Les Origines du Mal, ce livre inspiré par la petite Nola. Le problème est le suivant : ces Origines du Mal sont écrites avec les pieds. Elles sont à peine dignes d'échanges épistolaires de collégiens amoureux - c'est mièvre et médiocre. Dès lors, comment trouver l'histoire crédible, le personnage de Harry pertinent, et sa relation avec Nola marquante ? In fine, toutes les scènes romantiques du bouquin sont peu réussies, mais les citations de ce "livre dans le livre" sont si caricaturales qu'elles ruinent l'ensemble du récit.
Un beau gâchis, mon pauvre Harry.