Je me suis rué sur "La vérité sur l'affaire Harry Quebert" de Joël Dicker, appâté par le Goncourt des lycéens qui depuis quelques années se trompent rarement dans leurs choix et fortement poussé par mes libraires préférés qui me promettaient une nuit blanche à la lecture de ce qui fait figure cette rentrée d'événement.
Après avoir lu, j'ai bien dit lu et pas dévoré, les quelques 650 pages de ce polar, je peux dire que Marc Lévy et Katherine Pancol ont du mouron à se faire, un jeune auteur suisse vient jouer dans leur cour pourtant soigneusement gardée. Bienvenue au pays de Candy en Amérique, car, à mon avis, ça se situe à ce niveau là, du côté du roman facile à lire pour lecteur peu exigeant. Joël Dicker est un romancier ( qui a encore des progrès à faire pour arriver au niveau des précédemment nommés) pas un écrivain et cela se sent dès les premières pages. Phrases courtes, rapides directes, sans fioritures, dialogues simplistes et frôlant le minimum syndical, le tout au service d'une histoire pas tellement originale mais bien tarabiscotée jusqu'à l'invraisemblance.
Nous avons Marcus, jeune romancier à succès, en panne d'inspiration, qui va demander conseil à son ami Harry Quebert, écrivain culte dont le deuxième livre "Les origines du mal" figure au programme de toutes les universités US. Mais voila que l'on va trouver dans le jardin d'Harry les ossements d'une jeune fille prénommée Nola et disparue trente-trois ans plus tôt. Harry sera accusé du meurtre de celle qui fut l'amour de sa vie. Marcus ne croyant pas à la culpabilité de son mentor mènera l'enquête pour l'innocenter et du coup retrouvera l'inspiration.
C'est un polar qu'a couronné l'Académie Française et elle ne doit pas être grande lectrice du genre pour avoir été épatée par celui-ci. L'intrigue de départ n'est pas originale mais durant 400 pages les rebondissements s'enchaînent sans faillir. Un joyeux mélange de quiproquos, de clichés, de retournements, de révélations, de mystères tissés allègrement mais sans talent particulier que celui de l'accumulation, retiennent le lecteur. Plaisant au début, l'indigestion gagne très vite car l'intrigue n'est jamais soutenue par l'écriture qui peine à donner un semblant de profondeur à des personnages grossièrement stéréotypés. Le plus pénible restent les 250 dernières pages qui s'essoufflent à détricoter les 400 précédentes en explications de plus en plus lourdingues, pour finir par aboutir à un dénouement fort décevant (mais arrivé à ce stade, je ne m'attendais à rien de bien extraordinaire).
Je ne résiste pas au plaisir de vous donner à lire un peu de la prose de Joël Dicker. C'est une des scènes les plus torrides du livre. Harry est en vacances sur une île paradisiaque avec l'amour de sa vie, Nola. C'est le point culminant de leur passion.
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pilyen
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le 29 nov. 2012

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