La Vérité sur l'affaire Harry Quebert par ngc111
Populaire et apprécié, La vérité sur l'affaire Harry Quebert a fait un tabac en librairie et s'est même vu attribué quelques prix littéraires. Mais comme le scepticisme est maintenant de rigueur au vu du goût douteux parfois exprimé par les masses et par les jurés, mieux vaut vérifier par soi-même du talent d'un écrivain et de la qualité de son œuvre. Et puis après tout, tous les goûts sont dans la nature.
L'histoire en elle-même est simple, il suffit de lire le résumé ou le quatrième de couverture pour s'en faire une idée rapide mais appropriée. Heureusement Joël Dicker est parvenu à en étendre les ramifications, à créer une atmosphère convaincante de petite ville américaine où les habitants se connaissent plus ou moins, ont des choses à cacher (d'une gravité plus ou moins importante) et où le passé n'a pas encore totalement été effacé, n' pas encore laissé place au futur.
Difficile de nier que cela permet au livre de nous faire tenir plus de 600 pages, de retenir notre attention et d'éveiller notre curiosité ; il faut avouer que l'intrigue policière en elle-même n'aurait peut-être pas été suffisante, la faute à une certaine banalité dans le fond, et surtout à un principe de fausses pistes et de rebondissements à la pelle qui peut agacer.
Mais le fait est là, le bouquin ne nous tombe jamais des mains, même quand l'auteur insiste trop sur certaines choses, les assène avec talent mais avec force répétitions, comme les sentiments qui existent entre Nola et le fameux Harry Quebert.
Il faut dire que l'écriture de Dicker est efficace, variée, tantôt cynique, tantôt romantique, qu'il y a des subtilités intéressantes chez des personnages secondaires pourtant effacés au début du récit et que le mélange entre l'enquête en elle-même et les contrariétés autour de l'écriture et la promotion d'un livre à succès fonctionne à merveille.
Les personnages sont attachants, tous à un moment, parfois clichés sans l'être jamais trop, sans jamais devenir méprisables ; on regrettera seulement une mise en forme un peu trop tape à l’œil et inutilement "décalée", comme ces petits conseils à chaque ouverture d'un chapitre, ponctués de phrases un tant soit peu grandiloquentes quand leur propos fait dans la banalité et ces mélanges chronologiques dans le récit qui ne changent pas grand chose à la narration.
Au final cette affaire Harry Quebert ne s’affranchit pas de quelques défauts mineurs qui pourront faire tiquer les plus pointilleux, mais elle atteint son but en proposant un récit captivant, fourmillant de détails, long mais jamais pénible, et se permet même un mélange entre le policier et la littérature autour du monde de l'écriture ; un élément qui réconciliera sans doute les allergiques aux enquêtes policières traditionnelles avec ce genre très codifié qui peut paraître tourner en rond.