La Vérité sur l'affaire Harry Quebert par trevorReznik
En 2006, "Les bienveillantes" décroche le Grand Prix du Roman de l'Académie française. En 2012, c'est "la vérité sur l'affaire Harry Québert". Waouh... ça laisse songeur : y'aurait pas comme un petit problème.?!
Alors OK, le roman de Joël DICKER a une construction assez intéressante et le principe de découvrir une histoire en piochant des indices entre les flash-backs, les témoignages de plusieurs personnes liées de près ou de loin au meurtre, les pages du roman à l'intérieur du roman (entre autres) est plutôt bien foutu (ça vaut les quelques étoiles que je lui mets). Mais pour le reste, c'est vraiment pas terrible. L'écriture, sans être mauvaise, est plate. Et une bonne partie des personnages sont caricaturaux (Caleb le bossu au grand coeur, Jenny la potiche bonnasse vierge à 25 ans -on y croit-, les parents de la même Jenny qui offrent les pires passages du livre... La liste est longue) et agissent de manière soit immature, soit illogique. J'avais pourtant lu avant de m'attaquer à ce pavé, que l'auteur décrivait à merveille l'ambiance d'une petite ville de banlieue américaine : un conseil, si vous voulez lire un best-seller qui fait vraiment ce boulot, lisez n'importe quel Stephen King, vous y gagnerez au change!
La grande histoire d'amour entre Nola et Harry ressemble plus à une succession d'épisodes de la série Beverly Hills (je t'aime Nola / moi aussi Harry / mais notre amour est impossible / je vais donc sortir avec Jenny / mais je t'aime Nola / au revoir Jenny / mais vais-je aller au bal avec toi Nola ?) qu'à du Shakespeare et finit par plomber l'enquête policière qui aurait pu être plus intéressante. Je dis "aurait", car à force de mettre un rebondissement toutes les dix pages, les aventure de la petite Nola deviennent juste grotesques : au début on se dit que chaque personnage pourrait être le meurtrier et on sourit mais au bout d'un moment on finit par avoir l'impression que l'auteur a écrit l'histoire au fur et à mesure, en trouvant laborieusement des solutions pour permettre à ses personnages de retomber sur leurs pattes. Mais bon, en racourcissant un peu (beaucoup?) certains passages et en engageant des acteurs bankables, nul doute que l'adaptation ciné fera un carton.