Lire un classique de temps en temps c'est conseillé. Surtout quand t'as évité la case lecture à l'école, comme moi.


J'ai découvert Romain Gary, et avec lui. J'ai voyagé. Oh pas très loin hein, à Belleville (oui encore Belleville, mais bordel quel quartier!). Ça a beau se passer au milieu des années 60, ça prend pas une ride.


Avec le phrasé d'un petit rebeu qui prend quatre ans en deux lignes, lié d'amitié à une vieille juive qui s'occupe des enfants de putes contre de la menue monnaie. C'est beau, putain qu'c'est beau. J'en ai pris plein la gueule. Les expressions, les raisonnements, la vie des personnages, pfiou.


Tu m'étonnes que le gros il a choppé un Prix Goncourt avec ça, je lui aurai bien décerné un titre à moi tout seul si c'était possible. Il faut pas passer à côté de ça, jamais t'entends ?


Momo, c'est l'ami de madame Rosa, qui est vieille et qui sent pu très bon sauf quand elle se met du parfum derrière les oreilles. Il jure en yiddish et en arabe, ce qui est pas très courant si tu vois c'que je veux dire. On pourrait pas écrire un roman comme ça aujourd'hui, y'aurait trop de problèmes si tu vois aussi c'que je veux dire. Il connaît plein de monde, des putes, un travesti noir ancien boxeur, d'autres noirs, des proxénètes, un vieil arabe aveugle-philosophe qui confond le Coran et Victor Hugo, et aussi des autres.


Le tout donc, de Belleville à Pigalle et c'est tant mieux surtout si t'aimes Paris autant que moi. Le voyage est pas super dur à reproduire, même quarante ans après t'as l'impression que tu pourrais vivre le truc. Tu les vois les gosses qui font les cons, tu l'imagines bien le travesti dans son bois de Boulogne. Et après t'as pu qu'une seule envie, de causer comme Mohammed et d'en mettre plein la gueule à la vie. Parce que si y'a bien une chose qui ressort dans ce foutu roman, c'est que la plus pute dans le tas, c'est elle, la vie.


Même si t'as déjà lu (j'te vois venir toi le libraire cultivé du haut de ton échelle clouée à l'étagère), ben faut relire. Souvent, comme ça. Pour pas oublier.


Pour les autres, c'est vraiment pas chiant à lire. C'est même pas un pavé et ça fait du bien aux oreilles (essayez de dire les phrases tout haut j'vous jure), aux yeux, aux souvenirs que t'as jamais eu, et à la tête.


Allez hop!

LouKnox
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 3 juin 2020

Critique lue 64 fois

1 j'aime

Lou Knox

Écrit par

Critique lue 64 fois

1

D'autres avis sur La Vie devant soi

La Vie devant soi
Bagatelle
9

Les légumes comme aux Etats-Unis, Madame Rosa, c'est zobbi.

C'est l'histoire d'un petit garçon, Momo, adorable Momo, né dans une effusion de merde, et dont le coeur abonde d'amour. Enfant de prostituée, victime de la loi des grands nombres, "proxynète" en...

le 19 oct. 2013

32 j'aime

2

La Vie devant soi
Coriolano
9

Amour, rire et larmes au programme de ce magnifique ( et court ) roman

Momo a dix ans, du moins il le croit pendant une bonne partie du livre. Il vit chez Madame Rosa, une vieille juive qui tient un foyer pour les enfants de celles qui "se défendent avec leur cul". Momo...

le 3 août 2010

30 j'aime

La Vie devant soi
CarolinePako
9

Moi la vie je veux pas lui faire une beauté, je l'emmerde. On a rien l'un pour l'autre.

Putain. Désolée, c'est vulgaire, mais c'est le mot qui convient, "wahou, putain, quelle claque." La Vie devant soi, c'est l'histoire de la vie. La vie d'un jeune garçon, enfant d'une mère...

le 13 févr. 2016

24 j'aime

Du même critique

Réinventer l'amour
LouKnox
8

Critique de Réinventer l'amour par Lou Knox

Comme pour chaque essai de Mona Chollet que j'ai pu lire, c'est assez difficile pour moi de donner mon avis sans passer par un vécu perso, d'assimiler chaque phrase, chaque situation en se comparant,...

le 23 sept. 2021

13 j'aime

Ci-gît l'amer
LouKnox
8

Critique de Ci-gît l'amer par Lou Knox

Comment soigner l’amertume ?

 C’est curieux comme le sujet d’un essai philosophique peut s’appliquer en temps réel au lecteur sur l’essai en lui-même. 

 J’essaye de clarifier ; compte tenu de...

le 16 janv. 2021

12 j'aime

2

Les Aérostats
LouKnox
4

Critique de Les Aérostats par Lou Knox

Ce qu'est bien avec Nothomb, c'est quand ses histoires à problèmes de bourges qui s'occupent de bourges et qui se gargarisent de références littéraires de bourges, ça dure pas trois plombes. On...

le 27 juil. 2020

12 j'aime

5