Guénassia a réussi une alchimie entre le romanesque et l'historique avec ce deuxième roman.

Je me suis régalé à lire cette oeuvre protéiforme. En effet, il y a un côté saga dans ce récit de Joseph Kaplan. En ce sens, ce anti-héros médecin tchèque( qui rappellerait presque un personnage de Camus, écrivain cité au début et à la fin du roman) connait une vie riche en péripéties, heurs ou malheurs compris. La deuxième dimension de la vie rêvée d'Ernesto G, c'est le côté roman historique vu que l'action commence en 1939 et se termine en 2010. Joseph Kaplan navigue donc entre la deuxième guerre mondiale entre la France et l'Algérie, pour "fuir"ce dernier pays à cause de la rafle des Juifs. Dans les années 50, c'est le retour dans la patrie d'origine avec une femme avec laquelle il choisit de vivre ( suite à des idylles passées et infructueuses). C'est la Tchéquoslovaquie soumis aux communisme et aux purges arbitraires et odieuses. A partir de ce moment là, Guénassia donne à son livre un questionnement politique sur cette période agitée et les horreurs que la population a dû subir jusqu'au Printemps de Prague (crimes,tortures,disparitions). Grace à l'arrivée d'un personnage iconique des années 60 (je vous laisse la surprise), l'auteur met en parallèle communisme et révolution pour stigmatiser le toc des idéologies dominantes, l'usurpation de la théorie révolutionnaire. Au delà de ces trois aspects, les personnages du roman sont attâchants car ils ont une formidable envie de vivre malgré tout et qu'un morceau de musique, la lecture, une bonne bouffe sont autant de dérivatifs qui les font avancer tout en ne perdant pas de vue que la vie est un combat. Vous laisserez vous tenter par ce voyage?