Il est de ces auteurs dont la plume est reconnaissable entre mille. Dès les premières phrases, je retrouvais avec bonheur ce style si particulier à Damasio, sa façon à lui de manier la langue française qui colle si bien avec ses récits. J’ai acheté La Zone du Dehors quelques semaines après avoir lu La Horde du Contrevent, il y a quelques années de ça. Pourquoi avoir attendu si longtemps ? Primo, parce que je m’étais prise une énorme claque avec la Horde et que je ne pouvais pas lire un deuxième livre de cet auteur aussi rapidement après ça. Deuzio, j’avais peur d’être déçue.
J’ai donc lu la deuxième version de La Zone du Dehors. En lisant les deux préfaces à la fin (si si) du livre, j’ai bien compris pourquoi il existe deux versions. Bon, parlons-un peu du roman. Il y a tellement de choses à en dire que je ne sais par où commencer.
Comme tout roman de SF qui se respecte, l’histoire fait écho à notre société et à ce qu’elle pourrait devenir dans quelques années. Elle nous fait prendre conscience, réfléchir autant sur le monde que sur nous-même au sein de ce monde. Je trouve qu’ici, c’est encore plus flagrant, car c’est tellement proche de nous, c’en est vraiment inquiétant. Tout au long de la lecture, on a sentiment de malaise car ce qui arrive reflète beaucoup notre société actuelle. Certains passages sont criants de vérité. Et certains passages sont très prenants :
Le passage avec la fillette qui se fait couper les jambes par les lames. Meeeeh.
C’est tellement bien écrit, on ressent les émotions de tous les personnages j’en avais des frissons. Le chapitre où ils électrisent le lac. Ou encore la prise de la tour…
Si j’ai été « happée » dès les premières pages avec la Horde, ça n’a pas été le cas ici, j’ai mis un peu plus de temps à entrer dans l’histoire et à éprouver de l’intérêt et de la sympathie pour les personnages. Ce n’est qu’au troisième chapitre que ça a commencé. Et du coup, c’est le principal défaut que je trouve au roman : le rythme qui est assez inégal. On a des chapitres hyper prenants, qui m’ont tenu en haleine tout du long et d’autres où je me suis un peu ennuyée (notamment le cours de Capt qui tire un peu trop en longueur). J’ai été un peu déçue par ce passage également :
Lorsque Capt descend dans le Cube. J’en attendais trop je pense. Damasio nous laisse peut-être trop de mystère et on s’attend à un truc absolument grandiose.
Tout premier roman comporte ses faiblesses et c’est cette inégalité dans le récit qui l’est pour moi. Avec tout ça, je me rends compte que je n’ai pas parlé des personnages, ce qui est une erreur. Capt est le principal narrateur mais comme pour la Horde, l’histoire nous est parfois contée par d’autres protagonistes qui ont leur parlé bien à eux. Ils sont facilement reconnaissables. Capt a forcément un caractère très fort mais les autres ne sont pas en reste et apportent un équilibre. Slift l’impulsif, Kamio plus calme et plus réfléchi, Brihx qui pense surtout au bien-être de sa famille, Boule le seul personnage féminin, Obffs, un peu plus effacé peut-être. Mais tous sont utiles au déroulement de l’histoire et tous représentent les émotions que ressent un être humain.
Enfin, tout au long du récit, l’auteur tente de répondre à ces questions : qu’est-ce que la liberté et comment l’atteindre ? Quand est-ton libre ? Comment se libérer de l’influence des médias et briser les codes d’une société qui nous surveille constamment, qui mesure nos désirs, nos attentes. Qui nous propose le chemin le plus court, le plus facile. Les gens pensent avoir le choix et ne se rendent plus compte qu’ils sont constamment sous contrôle. Et c’est ce que les Voltés abhorrent plus que tout. C’est ce qui va pousser Capt, Slift, Brihx et les autres à tenter des actions pour détruire ces codes. A tenter parfois l’impossible pour revenir à mon meilleur et égalitaire.
La Zone du Dehors est pour moi une lecture nécessaire. Le roman n’est peut-être pas parfait mais il bouscule, de par ses messages, ces passages parfois violents et ces réflexions. Et puis, rien que pour le plaisir de retrouver ou de découvrir la plume d’Alain Damasio en fait.