Que ce soit bien clair : préparez-vous à une plongée dans l'horreur !


La brutalité, la bestialité montrée, sans concession, sans pathos,sans arrondir les angles, sans rien cacher, sans se voiler la face. Pas de jugement ! RM ne s'apitoie pas ! Une fois de plus à travers ce texte d'une noirceur et d'une violence terrible, la vérité t’apparaît toute nue et te fouette le visage.


Les allemands de cette époque sont fanatisés par leur leader et ses sbires. La folie eugéniste de ces salauds primaires et fous qu'étaient les nazis prônée en idéologie fait des ravages sur ce peuple qui va alors commettre les pires atrocités.


Robert Merle est un des plus grands romanciers historique de notre époque avec les splendides 13 tomes de Fortune de France, Week end à Zuydcoote, et bien sur l'hallucinant La mort est mon métier.
Petit à petit à travers son héros il va nous plonger dans les rouages infernaux d'une mécanique glaçante, terrifiante. On y découvre la vie et l’ascension de Rudolf Hoss (renommé Lang dans ce récit et à ne pas confondre avec Rudolf Hess autre grand dignitaire nazi) qui occupa une fonction de premier plan dans le génocide des Juifs d'Europe en tant que commandant des centres de mise à mort d'Auschwitz-Birkenau, le plus vaste complexe du système concentrationnaire nazi. A ce titre il est en partie responsable de la mort de 4 000 000 de personnes dont 2 700 000 juifs. Il sera pendu à Auschwitz sur le lieu même de ses méfaits.
Tout y passe : les feux, les camions de la mort, les fosses, la douche au zyklon B, les fours, l'odeur des corps brûlés qui suffoque les villages avoisinants. L'écriture est volontairement distanciée, clinique. L'abjection se forme alors et nous retourne l'estomac. Le dégoût, la nausée, une envie de vomir nous pousse à la misanthropie encore !


Et pourtant il manque tant d'horreurs telles celles des médecins du Reich, du triste Mengele qui travaillait sur la stérilisation des juifs ou la gémellité dans un souci eugéniste. Injustice navrante il échappera à son châtiment !


Du voyeurisme ? De l'exhibition ? Moi je ne savais pas tout ça avant de lire ce livre : les fosses, la graisse récupérée pour activer la combustion et augmenter la production d'unités "cadavres" et tout le reste mis noir sur blanc. NON JE NE SAVAIS PAS TOUT ÇA !
On pourrait fermer les yeux pour continuer à flotter dans le monde des Bisounours et croire que tout va bien encore aujourd'hui. Cela n'est pas possible ! Il faut se souvenir et se méfier, pour être prêt à combattre cette horreur qui n'a pas disparue et change de visage, de costume, de bannière.


« Ce qui est affreux et nous donne de l'espèce humaine une opinion désolée, c'est que pour mener à bien ses desseins, une société de ce type trouve invariablement les instruments zélés de ses crimes [...] Il y a eu sous le nazisme des centaines, des milliers de Rudolf Lang, moraux à l'intérieur de l'immoralité, consciencieux sans conscience, petits cadres que leur sérieux et leurs mérites portaient aux plus hauts emplois. Tout ce que Rudolf fit, il le fit non par méchanceté, mais au nom de l'impératif catégorique, par fidélité au chef, par soumission à l'ordre, par respect pour l'État. Bref, en homme de devoir : et c'est en cela justement qu'il est monstrueux.
Robert Merle

Créée

le 22 nov. 2017

Critique lue 2.6K fois

24 j'aime

14 commentaires

SombreLune

Écrit par

Critique lue 2.6K fois

24
14

D'autres avis sur La Mort est mon métier

La Mort est mon métier
socrate
8

La logique d'un criminel

Robert Merle, dès 1952, apporte un éclairage nouveau à la littérature concentrationnaire en décrivant la personnalité du responsable du camp d'Auschwitz-Birkenau, chargé d'organiser le camp de telle...

le 29 avr. 2011

30 j'aime

7

La Mort est mon métier
Electron
9

Parole d'expert

Très provocateur, le titre colle pourtant parfaitement au contenu de ce livre : une biographie romancée de Rudolf Höss – nommé ici Rudolf Lang – celui-là même qui a organisé puis dirigé le camp de...

le 14 juin 2022

28 j'aime

25

La Mort est mon métier
RaZom
8

Son honneur s’appelait fidélité…

L’un des avantages de l’incursion de l’Histoire dans la littérature est cette possibilité de réconcilier les partisans d’une Histoire délaissée par l’Education Nationale et ceux défendant sa...

le 7 avr. 2015

26 j'aime

9

Du même critique

Never for Ever
SombreLune
10

Envoûté par la sorcière du son !

Est-ce que Kate Bush est une sorcière ? Oui ! Elle est une magicienne une grande prêtresse du son, du piano, des mélodies, des ambiances tour à tour éthérées, planantes, évanescentes voire surannées...

le 19 déc. 2015

24 j'aime

18

La Mort est mon métier
SombreLune
10

Les rouages de la solution finale

Que ce soit bien clair : préparez-vous à une plongée dans l'horreur ! La brutalité, la bestialité montrée, sans concession, sans pathos,sans arrondir les angles, sans rien cacher, sans se voiler la...

le 22 nov. 2017

24 j'aime

14

Corona Song (Single)
SombreLune
4

Pastaga tu m'auras pas !

J'étais tranquille, j'étais peinard à la maison en train de préparer l'apéro quand mon fils m'envoie un SMS pour me dire de regarder sur YouPorn, pardon je voulais dire YouTube la nouvelle chanson de...

le 11 juil. 2020

20 j'aime

17