La petite communiste qui ne souriait jamais / Lola Lafon

En partant de l'exploit de Nadia Comaneci, petite gymnaste roumaine d'à peine 14 ans, qui défraya la chronique aux Jeux olympiques de Montréal en 1974 en obtenant la note absolue jamais accordée, Lola Lafon déroule l'histoire de cette figure de la gymnastique qui bouleversa ce sport tant dans la pratique que dans la perception du public. Mêlant vécu et fiction, l'auteur évoque le parcours d'une athlète qui deviendra le symbole d'une nation communiste, adorée par le monde entier dans le contexte des années 80, sous le régime de ceausescu.
A travers le récit de ce parcours hors du commun, Lola Lafon aborde des thèmes intéressants :
Le sport et les exigences de sa pratique à haut niveau (une vie rythmée par les entraînements, le dépassement de soi, l'isolement, les privations)
Le corps, maîtrisé (contrôle de soi, des mouvements, régime alimentaire, souplesse, préparation...) mais aussi qui change : celui de Nadia gracieux, fragile, élastique change pour devenir celui d'une femme et c'est la perte du contrôle. Tout ça déséquilibre et perturbe la jeune fille qui doit composer avec, mais aussi le regard des autres, du public : elle n'est plus le petit écureuil.
Lola Lafon nous parle aussi d'une époque, celle des tensions entre les modèles étatiques de l'est et de l'ouest qui s'opposent, se jaugent, chacun tentant de promouvoir son modèle.
Nadia va en devenir l'enjeu, l'instrument de propagande d'un régime communiste. Adulée puis déchue comme souvent lorsqu'on atteint le sommet.
Ici pas de sentimentalisme, on est dans la fascination : fascination face à la rigueur et au travail que s'impose cette enfant, modelée pour gagner, pour aller toujours plus haut, fascination face à ce corps objet de toutes les attentions, fascination face à un acte d'appropriation d'un individu par la masse : on aime Nadia enfant, mais on ne lui épargne rien (entraîneur, presse, public, régime).
La construction narrative est très bien vue, le prétexte du roman pour parler de la vie de Nadia en faisant intervenir cette dernière lors de conversations téléphoniques fictives brouille les pistes.
Un roman que j’ai trouvé intéressant par les thèmes abordés et la forme, mais qui s’essouffle et perd en force dans la seconde partie.
Titi-one
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le 10 mars 2014

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