Qui dit défilé et beauté, dit aussi « silhouette ». Tirant son origine d'un nom d'un ministre qui travailla tant à taxer la richesse, son patronyme devint synonyme de dépouillement. La breveté de son passage ministère accentue l'aspect furtif associé à ce mot. A partir du 18e siècle, il prend un autre sens avec le développement de l'art de « silhouetter » au crayon ou au ciseau. Les artistes ne se concentrent tout d'abord que sur le visage. Très vite, ces profils ne suffisent plus et l'ensemble du corps est pris pour modèle. Dès lors, le genre se démocratise dans le domaine artistique avec les caricatures sur les affiches, médical avec les séries morphologiques ou cinématographique avec la lanterne magique. Au cours du 20e siècle un glissement de sens va s'opérer. le mot silhouette désignant jusqu'à présent un physique singulier va devenir plus intime et désignera dès lors l'apparence. Charge à nous désormais de « garder la forme » ou « d'avoir la ligne », thème qui sera présent à n'en pas douter dans la presse féminine de l'été prochain. C'est toute cette histoire que George Vigarello raconte dans le bel ouvrage la silhouette : du XVIIIE siècle à nos jours, naissance d'un défi.
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