Jmiaa vit seule avec sa fille à Casablanca. Prostituée de son état, elle raconte son quotidien, des clients accueillis sans états d’âme aux soaps dont elle raffole, des cigarettes grillées à longueurs de journée aux verres descendus avec les « collègues », du mac qui la protège aux kilos en trop qu’elle promène sans complexe sous ses djellabas. Sa rencontre avec une cinéaste exilée au Pays-Bas et revenue au Maroc pour les repérages de son premier film va lui changer la vie. Des ruelles de Casa aux lumières de San Francisco, le voyage sera aussi dépaysant qu’haut en couleur.


Un roman plein de vie, porté par le monologue gouailleur d’une prostituée sans langue de bois. Le franc parler de Jmiaa décapera les oreilles chastes, autant les prévenir. Perso, je ne me suis jamais formalisé d’un excès de vulgarité en littérature, surtout lorsqu’il est amené avec un tel naturel. Alors oui, chaque page déborde de salopes, de fils de pute, de connasses et de sales pédés. Tout le monde en prend pour son grade dans la bouche de cette matrone que la mauvaise foi n’étouffe pas. Jmiaa dit ce qu’elle pense. Des hommes et de leur patriarcat à vomir. Des femmes soumises parce qu’elles le veulent bien. De son absence de scrupules pour assumer le plus vieux métier du monde. De son ex-mari fumeur de haschisch. Et de ses clients bien sûr (« Mais au fond, tu te fous bien d’eux, de leur misère et de leur crasse. Parce que tu sais que c’est comme ça. Et sur cette terre, chacun son lot »).


Un beau portrait de femme forte et sans filtre, pourtant, à la longue, j’ai fini par me lasser. Les premières scènes dans le quartier sont fraîches et pétillantes mais assez vite la confession, oscillant entre aigreur, moquerie, agressivité un peu gratuite et considérations d’un intérêt somme toute relatif, finit par tourner à vide. Et puis cette conclusion digne d’un conte de fée est loin d’être ma tasse de thé, même si elle offre une jolie note d’espoir. Au final je sors de ce roman mitigé. Ravi d’avoir découvert une nouvelle voix qui ne prend pas de gants et en même temps pas totalement convaincu par le rythme et la tournure d’un récit s’essoufflant au fil des pages.

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le 11 sept. 2018

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