Stephen King est définitivement un des rois de la nouvelle. Quelle que soit sa taille, du petit entrefilet à celle qui tient bien la route, dépassant allègrement la cinquantaine de pages. Talent confirmé une fois de plus dans Bazar des Mauvais rêves. 20 nouvelles, pas seulement fantastiques, certaines traités sur le ton du fait divers ou humoristique. Dans la préface, King explique qu’il aime ce style littéraire sans concession, même si très modestement il assure que parfois le résultat final est loin de ses attentes initiales. Pour m’y être risqué uniquement pour l’instant à titre d’amusement, je ne peux qu’être d’accord avec lui: écrire une nouvelle est sans doute un exercice bien plus ardu que d’écrire un roman, et pour paraphraser le King lui-même, je dirais que la nouvelle est au roman ce que le 100 mètres et à la course de fond.
Alors, ces nouvelles, quelles sont-elles? Comme toujours dans un recueil, il y a du bon et du moins bon, même si chez Stephen King la notion de « moins bon » est assez subjective. On trouve comme je le disais, du fantastique pure et dur, de l’humour presque potache, du fait divers, une certaine forme d’horreur aussi. Certaines histoires en évoquent d’autres, par exemple parmi mes préférées, « Mile 81 » est un mélange de « Christine /Roadmaster » pour la voiture, mais j’ai également pensé à cette histoire sur le radeau avec la substance visqueuse qui avale les baigneurs. « Le petit dieu vert de l’agonie » rappelle « Revival ».
Des nouvelles de ce recueil, j’ai été plus spécialement conquis, en plus des deux précédemment citées, par les émouvantes « Batman et Robin ont un accrochage » et surtout « Mister Yummy », j’aime à penser qu’il existe un messager pour chacun d’entre nous quand l’heure est venue. « A la dure » et « Billy Barrage » sont très Bachmaniennes dans le style, en particulier la seconde, pour sa fin. La meilleure histoire étant sans conteste « Ur », et la palme de l’humour revient à « Feux d’artifices imbibés ».
Au rayon des semi-déceptions, je rangerais « Premium Harmony », « Eglise d’Ossements » et « Tommy ». j’avoue ne pas avoir réussi à entrer dans ces nouvelles. La sensibilité personnelle étant ce qu’elle est, sans doute pourrez vous les apprécier différemment.
En tout cas, ouvrir un livre du King est et restera toujours un plaisir, souhaitons qu’à l’avenir il éprouve toujours autant de plaisir à écrire des nouvelles. Petite questions finale à l’éditeur Albin Michel : les papillons sur la couverture, c’était pour annoncer Sleeping Beauties?

MichaelFenris
7
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le 11 juil. 2018

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Michael Fenris

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