Trois courtes pièces composent ce recueil, assez délicieux. 7 pourtant : oui, je dois dire que la première pièce est bien moins bonne que les deux autres.
Le Bouc est une visite en règle des cancans, commérages et ragots suscités dans une bourgade par l'arrivée d'un étranger : la composition est originale, avec des sortes de mini-conciliabules éclairs, mais le tout est finalement assez convenu et vite lassant.
J'ai par contre vraiment beaucoup aimé les deux autres. Je ne m'étendrai pas sur leur contenu (découvrez, découvrez voyons ! Et pour une fois je me veux concise.) mais ça se mange sans faim, c'est drôle, tragique, et ça va crescendo dans l'action et dans l'hystérie ou le drame. On retiendra le féminisme prégnant dans les deux pièces : la première, qui traite de l'homosexualité féminine ; mais surtout la deuxième, qui est un éloge paradoxal du féminisme, incarné par une héroïne qui empoisonne tous ceux qui veulent se mettre en travers de son chemin vers la liberté (qui passe aussi par l'amour, et un égoïsme terrible et terriblement humain) alors qu'elle ne paie pas de mine de prime abord - avec un clin d'oeil acerbe à la religion.
Finalement, la qualité augmente au fur et à mesure : la première pièce n'est vraiment pas transcendante - la seconde est réussie (amour, bêtise, détermination et hystérie en sont les mots-clefs) et la troisième est passionnante (un bijou à l'analyse !).

A découvrir de toute urgence pour Les Larmes... et Liberté à Brême.
Eggdoll

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