Je suis tombée par hasard sur cet ouvrage à la bibliothèque, il y a de ça quelques années. Si j’ai été surprise par la taille de ce livre ( 850 pages, des pages d’une rare finesse et une typographie minuscule), je me suis malgré tout lancée dans ma lecture, les pavés ne me rebutant pas!


Et ça a été une jolie découverte. J’ai assez aimé cet ouvrage pour lire la suite (il s’agit d’une saga de 10 tomes à ce jour), l’acheter, et voir l’adaptation télé!


L’histoire commence de manière simple et classique. On entre dans l’intimité d’un couple qui se reconstruit après des épreuves difficiles. Leur vécu personnel lors de la Seconde Guerre Mondiale et la séparation a étiré leurs liens, et même si Claire et Frank s’aiment encore, c’est plus la force des souvenirs qui les lient et une tendre habitude qu’une folle passion. Et c’est là que Claire disparaît.


Le récit bascule d’un roman classique, qui aurait pu être rédigé par une Nora ROBERTS et qui frôlait le style Harlequin, à un récit fantastique. Car c’est en touchant un menhir que Claire se retrouve des siècles en arrière, peu de temps avant la dramatique bataille de Culloden qui signera en Ecosse la fin de clans highlanders. Le procédé est original, et au moment où l’on pense s’être calé dans la narration, tout bascule et on se retrouve projeté dans un autre univers, un autre temps… et un autre style d’histoire.


Cet ouvrage développe de multiples axes narratifs. L’idée du voyage dans le temps est bien mené, on se questionne sur pourquoi Claire a ainsi voyagé dans les années, si elle a un rôle à mener, si elle est la seule dans cette situation. Chaque décision prise dans le passé aura un poids dans le futur. Et cette notion est primordiale quand l’ancêtre de son mari Frank se trouve être un monstre qui la menace de toutes les manières possibles. A mes yeux, il n’y a pas eu d’erreurs, l’intrigue est bien menée, la logique des époques est respectée, et les pièges pourtant étaient nombreux! Il est en effet facile de se perdre dans ce genre d’histoire, surtout quand on s’amuse à tenter de modifier l’Histoire avec un grand H. Mais GABALDON arrive à rester cohérente.


Autre axe évoqué, la romance. Claire fait la rencontre de Jaimie, et vous vous doutez de la suite. Là, je dois admettre que l’on tombe un peu dans le mom porn (oui, le jugement est fort!). Claire se retrouve coincée, elle se veut fidèle envers son mari de 1945, mais son couple n’était pas parfait… et ledit Jamie de 1743 se veut l’archétype de l’homme viril, musclé et dominateur. Vous avez dit cliché? Si l’histoire développée m’a pas mal fait grincer des dents au début, je dois bien avouer avoir réagi finalement comme toutes les lectrices (et là, je n’évoque même pas la série télé, où le casting a été clairement pensé pour faire plaisir aux yeux). Et je me suis retrouvée à trouver leur trio amoureux attachant, puis leur duo… Je n’en dis pas plus, même si vous vous doutez de l’intrigue et du couple privilégié par l’auteure!


J’ai beaucoup apprécié cette lecture. L’histoire est rédigée de manière efficace, le style est agréable, les descriptions s’enchaînent de manière naturelle avec les moments d’action et les dialogues.


Un seul bémol persiste pour moi, et hélas il est de taille: la banalisation des violences faites aux femmes. Certes, est évoqué un temps « barbare », et l’animalité des Anglais comme des Ecossais des années 1700 est sans cesse mise en avant. Ce sont des hommes intelligents, mais sans vernis social, ils sont brutaux mais pas forcément méchants… Si j’ai trouvé cette vision bien trop facile, j’ai quand même fermé les yeux. Mais quand on se retrouve avec une Claire qui ne peut se déplacer sans se faire harceler, qui se retrouve menacée ou frappée par de parfaits inconnus et qui se fait battre et même violer par son propre mari, la coupe est pleine. La dame en question en effet le vit très bien, et ne semble guère traumatisée. Alors que quand un homme se retrouve confronté à de tels actes (ce qui certes change du schéma habituel et est rarement évoqué en littérature), les descriptions sont insoutenables. Et je ne vous parle même pas de la série télé, où sa torture est évoquée pendant un épisode entier, et les répercutions durent pendant tout le reste de la saison. Alors que Claire n’a même pas l’honneur de pouvoir être choquée une minute! Cette légèreté m’a déçue.


A part ce problème relaté dans un long paragraphe (oui, je m’emporte!), je tenais à souligner en conclusion à quel point la lecture de cette ouvrage a été agréable. L’idée de base était originale, l’intrigue bien menée et les personnages attachants. Une réussite donc!


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Créée

le 11 mars 2018

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