C'est la suite de l'Odeur du Café, suite des mémoires d'enfance de l'auteur en Haïti dans la petite bourgade de Petit-Goâve. Ayant été émerveillé par le précédent opus, j'attendais énormément de celui-ci. Je n'ai pas été déçu.
Le jeune Vieux Os habite toujours chez Da, sa grand-mère qui l'élève en l'absence sa mère partie habiter Port-au-Prince. Da vit sur sa galerie, cette terrasse de bois couverte si caractéristique du Sud. Le café a toujours une place prépondérante dans la vie de la maisonnée. Une tasse est offerte à tout visiteur qui le reçoit avec recueillement comme un trésor. C'est que Da s'y entend en matière de café. Vieux Os a grandit et est maintenant âgé de onze ans. Il est un jeune garçon très mûr pour son âge et s'inquiète beaucoup de tout ce qui l'entoure.
Le récit s'articule en trois parties chacune constituée d'un certains nombres de brefs tableaux de quelques dizaines de lignes à quatre ou cinq pages et introduit par un titre en caractères gras. Ces tableaux sont autant d'anecdotes, de brèves, de tranches de vie se succédant et formant un ensemble des plus savoureux. L'écriture est simple mais jamais simpliste. Ce sont les mots d'un enfant portant un regard sur la vie dans son quartier, sa ville. Il ne comprend évidemment pas tout et les adultes l'écartent lorsqu'ils ont à parler. Mais sa vision est juste, nous montrant une fois de plus que les enfants comprennent et perçoivent bien plus qu'on ne croit le monde difficile dans lequel se débattent leurs parents.
La première partie du récit est dans la continuité de l'Odeur du Café. Le ton est léger et Vieux Os passe beaucoup de temps en compagnie de ses deux inséparables amis, Rico et Frantz, l'éphèbe qui a tant de succès auprès des filles. Filles qui intéressent beaucoup nos héros. Mais les choses s'aggravent. Une crise politique survient : couvre-feu, arrestations massives, violences... Da est très préoccupée et pour la première fois de sa vie laisse le café bouillir. Le breuvage est infecte et la vénérable vielle dame est en émoi : elle nous confie préférer être jetée en prison que de boire du café bouilli. Cette fois, l'heure est grave. Da a sa mine des mauvais jours et confie à son petit-fils qu'il doit partir. La troisième partie est d'ailleurs consacrée aux derniers jours, aux dernières heures de Vieux Os à Petit-Goâve avant qu'il ne parte chez sa mère à Port-au-Prince.
Un livre qui sent bon les alizés, les épices et l'île d'Haïti. La tradition, la culture, les croyances vaudoues profondément enracinées dans le quotidien de la ville sont sans cesse au cœur du livre poétique.
Un grand moment de lecture.
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Créée

le 20 juin 2012

Modifiée

le 17 août 2012

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