Budget de la justice:la France comble lentement son retard sur ses voisins. Employant chiens, Taïaut

"Toutes les explications du monde ne justifieront pas qu’on ait pu livrer aux chiens l’honneur d’un homme et, finalement, sa vie".
Ce livre montre que les chiens peuvent jouer un beau rôle clé et utile dans notre Justice.

"Attention au chien" ...attentif:
'Le Chien thérapeute' est un compte rendu et essai écrit par un Procureur, Frédéric Almendros, où on apprend que le gouvernement investit enfin: la Justice Française s'équipe enfin...
Cette fois de chiens pour faire parler les coupables, mais pas des Bergers Allemands rendus fous de rage par la sous nutrition...mais plutôt et aussi des chiens pour aider les victimes à s'ouvrir et prendre confiance en la procédure.
Toutes les expérimentations du projet ont eu des bilans positifs et utiles.
Ce projet serait né "aux Etats Unis: la Courthouse Dogs Foundation a déployé plus de deux cent cinquante chiens dans trente-cinq États américains, en soutien des victimes.
La CAVE CANEM – Convention d’Accompagnement des Victimes et de l’Enfance par le Chien –, qui s’inspire de ce modèle américain, est développée par le procureur de Cahors en partenariat avec Handi’Chiens".

L'auteur explique (p24) comment le tome 15 des aventures d'Asterix a inspiré cet acronyme: "Cave Canem" apparait dés le début de "La Zizanie,au dessus de la porte d'entrée de la maison secondaire de Jules César".

Le logo qui affuble les capes de travail est inspiré de celui des 'Brigades_du_Tigre'
mais comporte la mention "Cor ad cor loquitur" (le coeur parle au coeur).

Un très beau témoignage, parfois violent, qui rend, lui, hommage et honneur aux chiens.
Dans un discours soi-disant hommage à Pierre Beregovoy en 1993, François Mitterrand, d'une voix soi-disant émue, avait évoqué ceux qui ont "livré aux chiens (sic) l'honneur d'un homme" (visible sur le site de l'ina).
Ici, on apprend avec conviction que les chiens peuvent jouer un rôle clé dans notre Justice.

'Le chien thérapeute', de Frédéric Alemendros est le livre que je pensais adorer cet été car je suis fan de chiens.
Sa forme m’a surpris et amusé mais son fond se révèle plutôt répétitif et un peu du tirage à la ligne (de grands espaces séparent parfois les mots).
J’aime le ton au début très impolitiquement correct et moqueur.
Je crois me souvenir que Montesquieu utilisait des visiteurs Persans pour se moquer de nous, notre auteur utilise le masque d’un chien pour nous taquiner et parfois régler des mini comptes: car c'est le chien qui nous parle directement la plupart du temps.
"Il partage avec nous son quotidien, lors de ses diverses interventions au tribunal ou durant des confrontations entre les victimes de tous âges et leurs agresseurs. Il démontre qu’il est capable de transmettre calme et confiance afin que l’expérience soit la moins anxiogène possible."

J’ai même parfois pensé à du Honoré Daumier(tableau&dessins), dans la caricature des personnages et le ton parfois utilisé par Frédéric Alemendros.
Aussi, dès la première page, la description quasi choquante d’une femme juge rappelle les scandales que créa un Christian Laborde qui sous couvert de fiction, en avait profité pour décrire aussi comme ça, ses collègues de lycée même sans en donner les noms.

"Je n'écoute plus depuis déjà un bon quart d'heure la litanie de faits sordides que vomit la présidente, insipide comme une aquarelle ratée, que la ******* a rattrapée avant l'heure, moustache mexicaine, menton en galoche, poireau sur le nez" (...)
(j'espère que la collègue de travail ne s'est pas reconnue...elle n'existe peut-être pas)
(...) "Face à nous donc, trois corbeaux imperturbables , la reine Victoria au centre, en rouge et noir, et ses deux serre-livres (...) avec la saleté de leurs rabats (...) qui pendent telles des trophées du fameux lapin vidé, couleur crêpe pas assez cuite".
(...) le résumé, (encore) raté comme toujours, que fait la présidente
(...les autres) qui n'arrivent pas à en placer une".
(...) l'avocat de l'accusé (est) voûté, renfrogné, ramassé sur lui-même, maigre comme un sanglier famélique, l'oeil torve tel celui d'un sanglier blessé, la barbe hirsute telle un dos de sanglier ébourifé, la frange éponyme, ni brune ni blanche, disons grisâtre,
ce clou déjà rouillé et qui empeste le chat mal léché (...) est prêt à bondir à chaque phrase de la présidente (...)".

Je note et ça m'amuse, que l'auteur, après Daumier et la caricature pour décrire ses collègues , fait plus appel à un zest de PG Wodehouse pour se décrire lui, toujours par le truchement du chien nous parlant, Lol. Ils sont presque à 'croquer' nos deux acteurs...:

"Si je suis ici, dans cette salle d'audience, moi le premier chien d'assistance du tribunal de France, c'est en grande partie grâce à lui.
Râblé, grisonnant, le soufflet rieur, dense comme un petit pois à maturité, c'est cet homme qui a voulu cela, qui s'est battu pour que j'existe en tant que CAT" (oui, CAT comme cat...)
Loin donc du portrait et découpage qu'il fera plus tard de la magistrature où "existe autant de personnalités que partout ailleurs dans la société: des gens bien, loyaux, intelligents, des timides, des expansifs, ds tumultueux, des réservés, des bêtes , des très bêtes, des très très bêtes...
...et chacun se reconnaître".
Donc page 26, Frédéric Almendros confirme que certains de ses portraits, dont la présidente?, sont inspirés de vraies personnes.
J'aurais espéré que le processus de recrutement dans la justice et ses pénibles concours, élimineraient les employés "très très bêtes" dont ce Procureur me confirme l'existence.

Le livre devrait peut-être aussi venir avec un avertissement tant des témoignages au deux tiers du livre marquent et choquent si, comme moi, on n’est pas au fait de l’actualité et des faits et détails sur la pédophilie.

En passant, le livre me reconfirme une info que j'avais espérée être une rumeur: des chiens vivants servaient d'appât pour les requins à de soi-disant "pêcheurs" (sic) à La Réunion. Frédéric Almendros m'informe qu'il était alors "substitut du procureur lancé à leur poursuite" (ces chiens étaient volés et volontairement blessés avant).

ps: ajout 24/11/22 j'entends à la radio une courte chronique émouvante de Mathilde Vinceneux, sur ce sujet, titrée "À Nîmes, un chien dans le prétoire":

__"""Depuis six mois, Rancho, un labrador âgé de deux ans, travaille au tribunal de Nîmes. Comme les cinq autres chiens d'assistance judiciaire déployés en France, il est dressé pour accompagner les victimes ou les mis en cause devant les juges et les enquêteurs""".

( Mathilde Vinceneux)

"""La rencontre a lieu devant le tribunal de Nîmes. Ce jour-là, Laura*, 16 ans, fait la connaissance de Rancho. Ce jeune labrador noir va l’accompagner au procès de son père qu’elle accuse d’inceste. L'adolescente doit d'abord tisser des liens par le jeu. "Va chercher", "assis", "coucher", "aboie", lance-t-elle à son compagnon éphémère. "Il a l'air sympa, je l'aime bien !", sourit Laura.

"Je ne m'attendais pas du tout à être accompagnée par un chien au tribunal. C'est la juge qui me l'a proposé pour que je sois plus à l'aise au procès. Je vais penser à caresser le chien et à ne pas regarder l'accusé", explique la jeune fille. Elle s'agrippe à la laisse rouge quand son père fait son entrée dans le hall du tribunal. "Elle n'a pas vu son père depuis longtemps, ça la stresse, alors elle lui tourne le dos et elle se concentre sur le chien", décrit son avocate.

Maître Florence Espinouse confie avoir d'abord considéré ce chien comme "un gadget". "Je n'y croyais pas, souffle-t-elle, mais il faut reconnaitre que c'est bénéfique pour ces victimes qui vivent un moment très difficile lors de la confrontation avec leur agresseur". Pour aider au mieux l'adolescente, Rancho est guidé par ses référents, deux pompiers de la caserne de Saint-Gilles (Gard).

À distance, par des gestes silencieux de la main, le capitaine Nicolas Baro indique à Rancho la conduite à tenir. "Par moment, il me regarde et je peux lui dire de rester encore un peu ou de se coucher par exemple. Bien sûr, en pleine audience, on ne va pas parler", explique-t-il. La sonnerie du tribunal retentie. Les juges prennent place et Rancho se couche aux pieds de Laura, devant le banc des parties civiles. Le pompier le surveille depuis le fond de la salle.

Une béquille émotionnelle pour libérer la parole

Le labrador colle sa tête contre Laura quand elle se met à pleurer, alors que la présidente interroge son père et décrit les gestes de l’agression sexuelle. Le chien vient plusieurs fois la réconforter avant de finalement s'endormir et même ronfler doucement pendant la plaidoirie de la défense. Après plus de trois heures d'audience, Rancho est épuisé. Laura lui tend une friandise à la sortie de la salle. "Il a vraiment été présent même s'il dormait. Il a ressenti qu'il y avait beaucoup d'émotions, il me regardait à chaque fois que je pleurais", raconte la jeune fille.

"Il a absorbé beaucoup de stress et c'est ce qui le fatigue le plus", analyse le Capitaine Nicolas Baro. Le maître doit faire attention aux signes qui pourraient indiquer un mal-être chez l'animal. Des pellicules soudaines sur ses poils noirs, des gémissements, une respiration forte, "autant de lignes à ne pas franchir", résume le pompier. L'emploi du temps de Rancho est aussi aménagé. Il ne travaille pas plus de trois jours par semaine, sur ordre des magistrats."

"C'est la mascotte"

La formation de ce chien surdoué, d'une valeur de 17 000 euros, et les frais d'alimentation, de soins et de transports, sont entièrement pris en charge par des associations, notamment France Victimes et la Fondation Royal Canin. Il est logé à la caserne des pompiers. Il ne coûte donc rien au tribunal, où tout le monde le connait. Un tapis et des jouets ont même été mis à sa disposition au secrétariat de la présidence. "C'est la mascotte", résume Véronique Compan, la vice-procureure de Nîmes.

La magistrate assure que les retours sont très positifs sur la présence de Rancho. Le labrador a notamment été utilisé pour accompagner des enfants en salle "Mélanie". C'est là où ont lieu les auditions des mineurs devant les gendarmes ou les policiers dans les affaires de violences sexuelles. Sa présence permet aux victimes de parler. "C'est bénéfique pour tout le monde puisque ça aide la victime et ça aide aussi les magistrats qui, de ce fait, recueillent des éléments qui pouvaient manquer", constate Véronique Compan.

Mais Rancho n'assiste pas que les victimes. Il peut aussi passer de l’autre côté de la barre et accompagner les mis en cause. Les aider à parler, à avouer aussi peut-être. Le jeune labrador a été le tout premier chien à accompagner une prévenue. C'était au procès de l'accident de car de Millas qui a causé la mort de six collégiens. Rancho a posé sa tête sur les genoux de la conductrice alors qu’elle était longuement interrogée par le tribunal de Marseille.

Au vu du succès de l'expérience à Nîmes mais aussi à Cahors, Nevers, Angers, Strasbourg et Orléans, d'autres tribunaux ont fait la demande pour bénéficier de la présence de chiens d'assistance judiciaire. Sept labradors supplémentaires devraient prendre du service d'ici 2025."""

(Mathilde Vinceneux dans https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-zoom-de-la-redaction/le-zoom-de-la-redaction-du-jeudi-24-novembre-2022-6136882 )

ps: ajout 21/12/2022

"Le ministre de la justice a annoncé, ce mardi 20 décembre 2022, le déploiement des chiens d'assistance judiciaire (désormais) dans toute la France."