Zombie iophilisé réchauffé au micro-onde des préquelles ratées.

Comme beaucoup, j'ai dévoré les deux premières aventures du Bourbon Kid, peut sourcilleux devant les piètres qualités littéraires de notre ami Anonyme, et autant dire qu'à la fin de l'Œil de la Lune, bon sang, j'en voulais encore.
C'est donc plein d'enthousiasme que j'ai commencé ce troisième tome ; enthousiasme malgré le fait qu'il s'agissait d'une préquelle ; enthousiasme malgré l'envie dévorante de connaitre la suite de l'histoire plutôt qu'un retour en arrière.

ça partait plutôt bien, avec un début qui tranche radicalement avec le second tome. J'en avais parlé dans ma critique : L'Œil de la Lune commençait avec plusieurs chapitres d'action bordélique et plutôt désagréable à la lecture. On ne rentrait pas dans le délire, d'autant plus que l'écriture était très maladroite.
Ici, sans trouver non plus un chef d'œuvre littéraire, on sent qu'Anonyme s'est davantage appliqué à y mettre les formes. L'intro, toujours en action, est tout de même plus légère et nous embarque directement pour de folles heures de lectures imprégnées de la classe mortelle du Bourbon Kid.
Au niveau du style, j'insiste: Anonyme s'est amélioré. Certaines scènes, vers la fin du bouquin, sont particulièrement croustillantes (je pense notamment au moment où le Kid observe à travers la porte de l'hôtel une armée de zombies... délicieux).

Oui, ça partait plutôt bien, et le livre se lit très bien, sans accroc, sans trop rencontrer les défauts de ses grands frères. Pourtant, on est loin, très loin de ressentir la frénésie des précédentes lectures. Et pourquoi donc ? Ben, parce que c'est une préquelle... et qu'Anonyme nous rebalance tout plein de personnages qu'on connait déjà. Résultat : on sait qu'ils vont survivre. Les enjeux et la tension s'en fait cruellement ressentir. Les fins de chapitre en mode feuilleton ne nous font donc plus aucun effet. Quoi, Elvis et Sanchez en danger de mort ? Bah, ils vont s'en sortir, de toute façon.
La faible durée de vie des personnage jouait beaucoup dans le suspense des précédents tomes, et il est ici quasiment réduit à néant. En fait, c'est simple ; les nouveaux personnages sont sacrifiables, puisque pas nécessaires au tomes déjà parus, tandis que les nouveaux vont forcément survivre. Partant de là, plus aucune surprise, ou presque, ne peut apparaitre.

Ce n'est pourtant pas faute d'essayer d'aviver la tension chez le lecteur, à grand coup de "Sanchez se sentait super stressé" ou "Emily n'avais jamais eu aussi peur" blablabla, en ajoutant en plus un concours de chant qui devrait, on le sent bien, nous faire connaitre la même tension que ressentent les personnages. Hélas, ça ne prend pas.
ça ne prend pas, parce que ce concours de chant, au final, on s'en fout un peu. Et le fait qu'il débouche sur un contrat avec le Diable, on s'en fout aussi, parce qu'on se doute que les personnages y survivront, et que le monde ne sombrera pas dans le chaos.
Je n'ai rien de particulier contre les préquelles, mais dans le cas de cette saga, c'était décidemment une bien mauvaise idée.

J'ai longtemps hésité entre le 6 et le 4.
6, parce qu'au risque de me répéter, la lecture se fait toute seule, et on passe quand même un agréable moment.
6, parce que le style de l'auteur s'est nettement amélioré par rapport à la catastrophe de l'incipit de son second roman, et qu'on y trouve des scènes qui sortent vraiment du lot.
6 aussi pour la petite surprise à la fin, bien qu'au final elle ne nous marque pas tant que ça ; pétard mouillé.
En plus, ça aurait fait 666, c'était approprié.

Mais 4, parce que pas de tension, pas de suspense, 4 parce que concours de chant chiant, 4 parce que les seuls personnages féminins sont des cruches ou des objets sexuels, davantage encore que dans les précédents volumes et que merde, un seul personnage féminin qui ne soit pas pétri de clichés ignobles, ce serait trop demander peut être? Et puis 4 pour l'histoire nianian d'Emily et de sa maman malade qu'il faut sauver avec des sous et qu'on nous balance tous les chapitre comme pour nous dire "tu la sens la grosse histoire tragique là? Tu le sens le drame?". 4 Aussi pour le personnage de Julius, mystérieux dès le début du roman, et totalement inexploité à la fin. 4 pour tout un tas de raisons que j'ai vaguement noté au fil de ma lecture, sans trop m'y attarder non plus parce que merde, c'est le Bourbon Kid, et ça respire malgré tout la classe.

Bref, je coupe la poire en deux et je met un 5 dubitatif, en espérant très, très fort que le dernier volume rattrape cette déception... et soit véritablement le dernier tome, pour le coup. Parce que toutes les bonnes choses ont une fin, et que finir sur une fausse note laisse toujours un peu d'amertume au fond de la gorge.
wildsevens
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le 7 févr. 2014

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