Que feriez-vous si, après un double échec affectif, vous rencontriez dans la rue votre double ? Et si après vous être joyeusement entretenu avec lui, celui-ci vous jouait des tours pour rentrer dans les bonnes grâces de vos supérieurs ? Tel est le dilemme auquel doit faire face Jacob Piétrovitch Goliadkine, « héros » d'après l'auteur, mais en réalité personnage insignifiant. Et quand on est quelqu'un de désespérément banal, impulsif et peu éloquent, difficile de faire quoi que ce soit… Dans ce roman où même l'auteur semble se moquer de son personnage, Goliadkine se débat, bousculé par les événements et son entourage, tantôt espérant que les choses se règlent d'elles-mêmes, tantôt prenant les devant. A moins qu'il ne soit en train de fabuler tout cela ?
J'avoue avoir du mal à comprendre le sens du roman. De la perspective de Goliadkine, tout semble étrange, farfelu, confus, mais pas improbable. Ses discours sont presque sans queue ni tête, il semble être le seul à se comprendre, répétant souvent les mêmes phrases, et ponctuant ses prises de parole par le nom de son interlocuteur ainsi que de nombreux points d'interrogation. Il est paranoïaque, parlant d'ennemis vagues, et clairement pathétique, mais pas nécessairement fou (ou alors seulement à la toute fin). Ce n'est que plus tard que j'ai compris qu'il était vraiment fêlé. Le roman appelle donc à une relecture plus précise, qui montrerait l'incohérence des actions et des pensées de Goliadkine, et qui permettrait de mieux cerner la place du double dans la société hors de l'esprit de Goliadkine.
« Le Double » est donc un roman intéressant du point de vue psychologique, mais aussi dans sa construction et l'atmosphère qui s'en dégage, tout étant centré sur cet étrange monsieur Goliadkine.