Cette nouvelle de Stefan Zweig, qui est sa dernière œuvre et qui est parue en 1942 après son suicide, est tout à fait passionnante. A travers les échecs et les personnalités opposées de deux joueurs, Zweig reprend une fois de plus le thème de la monomanie. Mais en réalité, le sujet principal n'est pas les échecs mais plutôt la capacité de l'esprit à résister à des tortures mentales.

En effet, un des deux joueurs a été enfermé pendant plusieurs mois par les nazis dans une pièce fermée où il n'avait à disposition aucun objet et n'avait absolument rien à faire. De quoi devenir fou. Justement, pour résister à la folie qui s'empare de lui, B. arrive à subtiliser un livre d'échecs qui va lui permettre de mieux résister aux interrogatoires même si sa passion naissante pour les échecs, seule façon de s'en sortir va faire de lui un véritable schizophrène, car il finit par faire des parties entières dans son cerveau, jouant coup sur coup pour les blancs, puis les noirs... en essayant d'oublier la logique des coups de l'autre joueur.

Le Joueur d'échecs est donc une nouvelle très agréable, rapide à lire, mais peut-être un peu courte : en reposant le livre, on reste un peu sur sa faim, on aurait aimé encore mieux connaître les deux personnages, notamment Czentovic, champion du monde d'échecs qui, plutôt que d'être un génie, ressemble plutôt à un imbécile dans la vie courante.
socrate
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le 16 mai 2011

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socrate

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