Le Lambeau est un temoignage, dans ce livre, modeste parait-il, acclamé par la presse et les lecteurs, il est question d'une histoire et d'une reconstruction autant chirurgicale que psychologique. Cette histoire est tout de même assez eloigné de ce que j'aurai pu attendre, et surtout le style et la lecture vont commencer à s'essoufler petit à petit avec une fistule cerebrale qui va de plus en plus fuir, je m'explique.


Philippe Lançon le dit très bien : lui le "petit" journaliste va devenir une star, une star grace à deux personnes pas si folles que ça qui ont décidé de décimer Charlie Hebdo ; et ce changement de statut a fait ecrire ce livre, ce n'est pas le "petit" ecrivain qui parle c'est la star, et ça se voit.


Une accumulation infinie de "je", une accumulation infinie de noms d'artistes, d'oeuvres etc, une accumulation infinie d'attention particulière par exemple hospitalière, Philippe Lançon parle en s'aimant et en etalant le maximum d'information pour combler le vide d'une vie passée.
Dans ce livre, ne cherchez pas une petite flamme, tout est politiquement correct, on ne parle de Philippe Lançon et de rien d'autre, les petits eclats et derives sont vites noyés dans le texte, la description de la tuerie elle même semble soft. Et même chaque personnage decrit semble loin de la réalité devant un manque de simplicité flagrant et d'exageration dans chaque récit qui me perdra au fil des pages.


J'ai prononcé le mot star un peu plus haut, je vais parler maintenant du patient star.
Mr Lançon n'est pas un patient comme les autres, son temoignage dans les hopitaux ne nous laissent pas une seule fois penser à une chose cruellement vraie dans nos hopitaux français : la solitude.
Oui Mr Lançon, dans mes hopitaux, le patient n'est pas massé il ne descend pas au bloc avec de la musique ou des livres, il n'est pas chouchouté par l'intégralité du service, il n'est pas mis dans la plus grande chambre, il est très rare que des personnes dorment avec lui, il n'a pas de cadeau, peu de visites, il n'a pas d'imagerie devant n'importe quels symptomes et j'en passe. Cette description du monde hospitalier, je remercie à Mr Lançon notre hommage, reste flou devant cette starlitisation de la situation de Mr Lançon à La Pitié Salpetriere ; et que dire du moment de la sortie du patient, typique de cette starlitisation, quand le patient devient maitre devant ses propres soignants.


Je n'ai pas trouvé l'humilité tant décriée par la presse, et le style semble forcer, notamment sur une accumulation d'adjectifs pour chaque situation de la vie, pour nous montrer peut être l'analyse de Lançon devant chaque evenement, lui qui a echappé à la mort.


Livre bavard, trop long, exagéré dans certains cas, reste un livre sympathique à lire mais rien de plus.
Il s'agit beaucoup plus d'un journal personnel plutôt que d'une oeuvre litteraire à son vrai sens. Mais un journal personnel bien écrit et bien entretenu ; Un peu de piment, un peu de risque, c'est ce qu'on attend pour ce genre d'oeuvre c'est raté.

Nimoz
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le 22 août 2018

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