The Tree of life


Joël Dicker avait frappé fort en 2012 avec "La vérité sur l'affaire Harry Quebert", qui a d'ailleurs eu l'honneur d'une adaptation par Jean-Jacques Annaud qui sera diffusée à Cannes en avril 2018 (ce n'est pas rien, Bernard De Fallois, aujourd'hui décédé, ayant refusé de vendre ses droits à Spielberg pour privilégier la qualité à la quantité et pour s'assurer de ne pas perdre le "patrimoine" de ce best-seller et celui de son auteur en cours de route). Ce roman, que Léa Salamé qualifiera de "Sous-Harry Quebert" s'avèrera être plus subtil et inattendu qu'il n'y paraît.


A travers ce pavé (qui, une fois débuté, accroche le lecteur et ne le lâche plus; le livre de 500 pages peut aisément se lire en deux ou trois jours), Dicker conte, par le biais de son personnage-auteur, reflet faussement prétentieux de sa propre personne, le drame survenu dans la famille Goldman, les rivalités entre les Goldman-De-Montclair et les Goldman-De-Baltimore en se remémorant son arbre généalogique et en redonnant vie à des secrets enfouis, pervers, dissimulés derrière de doux souvenirs d'enfance et d'adolescence.


"Le livre des Baltimore", seconde mise en abîme de l'auteur, antérieure à Harry Quebert, sans toutefois qu'il ne crée quelque lien que ce soit avec son roman-phare, est l' histoire d'une famille qui éclate, de démons disparates, de passés tumultueux, de premiers amours, de mensonges, de rêves déchus, de la quête de vérité. Explorant à la fois les thèmes de l'enseignement à travers le formatage, ayant pour conséquence de créer un moule commun, le rêve américain, les statuts sociaux et les valeurs familiales, Dicker parvient à réitérer sa formule et nous offre une œuvre très éloignée du thriller antérieurement proposé pour se concentrer sur un drame familial captivant.


Malgré sa simplicité évidente, la structure chronologique du roman parvient à se montrer particulièrement complexe -La structure est non-linéaire et chaque chapitre est focalisé sur un évènement distinct et est imbriqué dans un autre-, se référant directement à Stephen King avec des textes comme ceux de "ça" ou de "Dreamcatcher" (avec moins de longueurs et de hors-sujets).


Dicker est un auteur qui gagne à affiner son style -ici, très inspiré du polar Américain et souffrant de dialogues parfois niais- et à évoluer afin de ne pas reposer sur des acquis déjà rapidement conquis.
L'auteur se répète souvent dans certains chapitres et nous prend parfois trop par la main, et cela se ressent au détour de certains dialogues, rendant la narration trop étouffante. Ceci dit, la romance introduite et qui faisait défaut dans Harry Quebert se voit améliorée, et heureusement moins appuyée.


Troisième roman et indéniable troisième réussite, malgré un style qui reste à affirmer et quelques dialogues à retravailler, Dicker livre une œuvre à la fois passionnante et maladroite, esquisse, espérons-le, d'un futur chef-d’œuvre.

QuentinDubois
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le 14 mars 2018

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Quentin Dubois

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