Oui, Kundera aborde toujours les mêmes thèmes : tous les artistes ont leurs obsessions, leur marque de fabrique ; parfois les variations sur un même thème sont infinies, de par le nombre de facettes à exploiter. Un point de vue, une anecdote, un détail qui change - tout est sujet à une nouvelle réflexion, tout peut faire débuter une nouvelle histoire. Kundera ne serait pas Kundera sans ses thèmes fétiches (malgré quelques redites peut-être), et au vu de son histoire ça se comprend bien.

Oui, cette oeuvre est un mélange de plusieurs genres : entre essai, nouvelles... Mais Kundera la conçoit comme un roman, parce qu'elle est finement architecturée autour de deux thèmes, qui sont vous l'aurez compris le rire et l'oubli, avec des échos, des cycles, des procédés divers, des explications de l'auteur lui-même... L'oeuvre a une unité, et si Kundera dit que c'est un roman, c'est un roman, point. Critiquer cet entremêlement des genres sous prétexte qu'il est déroutant est absurde. On peut ne pas aimer, mais en faire un défaut de l'oeuvre quand c'est un choix novateur est tout simplement...

Oui, cette oeuvre est complexe. Oui, parfois on ne comprend pas tout de suite le lien avec le rire, l'oubli, les deux. Mais chaque partie parle pourtant des deux. Il faut essayer d'approfondir sa lecture pour faire les rapprochements, pour bien saisir ce qui unit Le Livre du rire et de l'oubli. Mais je veux bien reconnaître que si on voit fatalement, en s'en donnant la peine, le rire et l'oubli, il est plus difficile de mettre les deux en relation, car le lien n'est pas vraiment fait entre les deux en tant que tel. Il se côtoient plus qu'ils se joignent, me semble-t-il. Pour être plus précis, ils le font, mais avec tant de finesse que le fil ténu qui les tient ensemble nous échappe.

Oui, ce livre est beau, triste, drôle, intéressant, original, et oui, il se lit très facilement.
Eggdoll

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