Y a des spoilers, alors si vous n'avez pas lu les livres, foutez-moi le camp et allez les lire (sans vous arrêter au premier tome si possible, je sais qu'il est un peu relou mais insistez, si ça marche pas au deuxième tome vous pourrez vous arrêter avec ma bénédiction).
Oooh qu'est-ce que j'ai pu chialer. Certes, j'avais dix-sept ans et les gens n'ont généralement pas tort en me taxant d'hypersensiblerie, mais Pullman est un monstre, il annonce la fin une trentaine de pages avant, et toi comme un con, comme il reste trente pages, tu te dis qu'il y aura un twist foireux (qui d'ailleurs en toute objectivité aurait bousillé cette fin sublime), mais non, les choses se déroulent telles qu'elles le devraient, Lyra et Will retournent dans leur monde respectif dévorés de chagrin et Lyra ne saura d'ailleurs jamais que ses parents ont clamsé ensemble pour la bonne cause.
Le miroir d'ambre, c'est l'apothéose de la trilogie construite d'abord sur un premier tome pas trop folichon mais qui prend le temps d'une exposition nécessaire des personnages, de la philosophie et de l'univers de la croisée des mondes, puis un deuxième tome prenant et bien écrit qui raconte la rencontre entre les deux personnages principaux. C'est aussi un tome qui te révèle que si tu étais parti pour lire une variante de Harry Potter et consorts à la bonne mode fantasy du moment, tu t'es fait avoir. L'univers de Pullman est beaucoup plus sombre, il te mène là où tu dois aller avec une minutie impitoyable et sans la moindre compassion pour tes nerfs.
En bref, Pullman ne nous a pas servi dans le happy ending histoire de nous faire plaisir. Il nous a traumatisés sans le moindre remords, au contraire de J.K. Rowling qui a cédé à un décevant happy ending à la fin du tome 7 de sa célébrissime saga.
Pullman a aussi bien construit son monde, il a carrément utilisé la théorie des cordes pour "justifier" son univers, et même si parfois ça sent la physique de bas-étage (mais je ne suis pas suffisamment spécialiste pour savoir à quel point), on ne peut que saluer l'effort globalement payant quant à la crédibilité de son univers.
A noter que dans l'idéal, il faudrait le lire deux fois : une fois enfant, une fois adulte/ado. La trilogie est dotée de différents niveaux de lecture que l'on peut apprécier à ces deux stades de notre vie.
Et sinon, Dieu meurt. Son passage dure un truc du genre une page, mais il meurt sans que Lyra et Will ne se rendent forcément compte de ce qu'ils ont fait.